Washington et Londres ont annoncé mercredi la suspension de leur aide non létale à la rébellion syrienne, après que des combattants islamistes se sont emparés de dépôts d'armes de l'opposition armée et d'un passage clé à la frontière turque.

Sur le plan humanitaire, des milliers de réfugiés syriens vivant dans des campements de misère au Liban étaient confrontés à une tempête de neige et de pluie et à des températures glaciales.

Sur le terrain, les combattants du Front islamique, qui s'étaient emparé samedi de dépôts d'armes appartenant à des groupes armés de la rébellion près du poste-frontière de Bab el-Hawa, ont pris mardi le contrôle de ce point de passage jusqu'ici contrôlé par différents groupes liés à l'Armée syrienne libre (ASL) dont ils ne reconnaissent pas l'autorité. Le poste-frontière a été aussitôt fermé par Ankara.

«À cause de cette situation, les États-Unis ont suspendu toute fourniture d'assistance non létale vers le nord de la Syrie», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ambassade américaine à Ankara. Cette aide est livrée aux seuls rebelles de l'ASL, par crainte de la voir tomber entre les mains des groupes jihadistes.

«Nous n'avons aucun projet de fournir des équipements tant que la situation n'est pas éclaircie», a également déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ambassade britannique à Ankara. La Grande-Bretagne est «en contact avec le CMS» - le Conseil militaire suprême, plus haute autorité militaire de l'ASL - afin d'enquêter sur le sort de matériel britannique envoyé en Syrie.

À Paris, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a indiqué que «la France maintient ses livraisons d'aide militaire non létale à destination de la Coalition nationale syrienne, en coordination avec ses partenaires de l'Union européenne».

Sur le plan diplomatique, les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), réunis en sommet à Koweït, ont réaffirmé que «les piliers du régime qui ont le sang du peuple syrien sur les mains ne doivent avoir aucun rôle dans le gouvernement de transition et l'avenir politique de la Syrie», où les violences ont fait plus de 126 000 morts depuis mars 2011, selon une ONG.

Damas a aussitôt fustigé les ingérences des pays du Golfe, les accusant de soutenir un «terrorisme organisé». Le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé que seul «le peuple syrien (...) détient le pouvoir de choisir ses dirigeants et de décider de son avenir».

Damas et l'opposition ont affirmé leur volonté de se rendre à la conférence de paix Genève-2 prévue le 22 janvier, mais leurs objectifs divergent. Le régime estime que le président Bachar al-Assad doit mener la transition en cas d'accord alors que l'opposition refuse sa présence dans le processus.

En visite à Téhéran, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé «tous les pays responsables» à agir pour que Genève-2 aboutisse à un «résultat positif». Il répondait à une question sur des rumeurs selon lesquelles Ryad menacerait les États alliés du régime syrien si M. Assad briguait un nouveau mandat en 2014.

Il a souligné que Genève-2 devait «matérialiser le texte de Genève-1» qui en juin 2012 évoquait le principe d'une transition politique, sans se prononcer sur le rôle de M. Assad.

Au Liban, quelques dizaines de milliers de réfugiés syriens affrontaient dans des conditions très précaires une vague de froid, notamment à Aarsal (est), frontalière de la Syrie où la neige couvrait leurs fragiles tentes. Les températures étaient proches de zéro, descendant la nuit à -4 degrés.

«Nous sommes (...) extrêmement inquiets pour les réfugiés dans les campements sauvages», a déclaré Lisa Abou Khaled, du Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU.

«L'eau s'est infiltrée dans les tentes (...) provoquant des inondations», a souligné Wafiq Khalaf, du conseil municipal d'Aarsal.

Ces intempéries frappent également la Syrie où 15 familles kurdes se sont retrouvées dans la rue après avoir été chassées de leurs maisons par l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), affilié à Al-Qaïda, à Tall Abyad dans la province de Raqa (nord), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Toujours selon cette ONG, 13 membres des forces gouvernementales ont péri dans des combats contre des rebelles islamistes à Adra, dans la province de Damas. Cinq civils ont également été tués.