Les armes chimiques syriennes connues sont désormais sous scellés et les sites de production déclarés inutilisables, alors que le médiateur international Lakhdar Brahimi achevait jeudi une visite à Damas pour tenter de faire avancer l'idée d'une conférence de paix.

À La Haye, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé que ses inspecteurs, arrivés en Syrie il y a un mois, avaient placé des scellés «impossibles à briser» sur l'ensemble du stock de 1000 tonnes d'agents chimiques et 290 tonnes d'armes chimiques déclarées par Damas.

De plus, «la Syrie a achevé de rendre inutilisables ses installations de production et d'assemblage», a annoncé l'OIAC.

Les inspecteurs ont visité 21 des 23 sites déclarés par la Syrie, et 39 des 41 installations sur ces sites. Les deux sites restants n'ont pu être contrôlés «pour des raisons de sécurité», a précisé l'OIAC.

Interrogé par la BBC, le chef des opérations de l'OIAC, Jerry Smith, a précisé que «le contenu (de ces deux derniers sites) avait été déplacé dans d'autres sites que nous avons visités».

Les États-Unis ont applaudi la mise sous scellés, estimant que l'arsenal chimique syrien serait détruit dans les délais imposés par la communauté internationale, d'ici la fin juin 2014.

Un groupe de consultants experts de la défense, IHS Jane's, a salué une «étape clé», mais estimé que le processus était encore loin d'être terminé, notant que la totalité du stock restant d'armes chimiques était encore sous le contrôle du régime.

«Il s'agit d'un processus effectué en grande hâte avec une réelle (...) incertitude. Il ne sera achevé qu'une fois les armes détruites ou retirées de Syrie», a indiqué à l'AFP le directeur de IHS Jane's, David Reeths.

La Syrie doit désormais détruire entièrement l'ensemble de son arsenal chimique, selon un programme qu'elle a remis le 24 octobre.

Le conseil exécutif de l'OIAC doit se réunir le 5 novembre pour examiner ce programme afin de fixer avant le 15 novembre les différentes dates butoir.

L'OIAC est chargée de superviser ce démantèlement - pour la première fois dans un pays plongé dans la guerre civile - à la suite d'une résolution des Nations unies qui a éloigné la menace d'une frappe américaine envisagée après une attaque chimique meurtrière le 21 août près de Damas imputée au régime.

120 000 morts en deux ans et demi

Dans ce contexte, Lakhdar Brahimi tente de rassembler, lors d'une conférence dite de Genève-2, des représentants du régime et de l'opposition pour mettre fin à deux ans et demi d'un conflit qui a fait plus de 120 000 morts, selon le dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Arrivé lundi à Damas dans le cadre d'une tournée régionale qui doit le conduire vendredi au Liban, le diplomate algérien a reçu jeudi une quinzaine de membres de groupes de l'opposition tolérée, au lendemain d'un entretien avec le président Bachar al-assad.

Sanaa Nasser, qui dirige le Parti de la nouvelle Syrie, a demandé à M. Brahimi de s'assurer que «le président (Assad) participe à la phase à venir, et après Genève-2, parce que c'est un citoyen syrien qui a le droit d'exercer ses droits démocratiques comme tout autre citoyen», selon un journaliste de l'AFP.

L'opposition basée à l'étranger est très divisée sur une éventuelle participation à cette conférence. Elle réclame des garanties qu'elle aboutira à un départ d'Assad, ce que le régime rejette catégoriquement.

Sur le terrain, un bombardement de l'armée sur le quartier de Hajar al-Aswad, dans le sud de Damas, a fait huit morts, selon l'OSDH.

«Le bombardement entre dans le cadre des tentatives du régime de reprendre le sud de Damas», où les rebelles sont encore présents en périphérie, a ajouté cette ONG qui s'appuie sur un réseau de militants, d'avocats, et de sources médicales civiles et militaires.

Dans le nord du pays, l'armée a par ailleurs avancé jeudi dans la localité stratégique de Sfira, selon l'OSDH.

Les rebelles contrôlent depuis plus d'un an Sfira, une ville située à l'est d'Alep, sur une route stratégique reliant la deuxième ville du pays à la Syrie centrale.

L'arsenal détruit d'ici juin 2014, pense Washington

Les États-Unis pensent que l'arsenal chimique syrien sera détruit dans les délais imposés par la communauté internationale, d'ici à la fin juin 2014, et ont applaudi la mise sous scellés.

«J'ai de plus en plus confiance dans le fait que nous serons en mesure de réaliser cette tâche - l'élimination du programme d'armes chimiques de la Syrie -d'ici à la date butoir du 30 juin de l'année prochaine»', a déclaré le secrétaire d'État adjoint chargé du dossier de la non-prolifération, Thomas Countryman, devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.

«Ces dates butoirs sont ambitieuses, mais réalisables», a ajouté le responsable ministériel.