Des poids lourds de l'administration de Barack Obama participeront mardi à une audition au Sénat américain pour défendre une intervention militaire en Syrie, où le président américain, selon des sénateurs, semblait en outre prêt à renforcer l'aide aux rebelles.

Le secrétaire d'État John Kerry, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel et le général Martin Dempsey, plus haut gradé américain, témoigneront devant la commission des Affaires étrangères mardi à 14H30 (18H30 GMT) lors d'une audition ouverte au public, a-t-on appris lundi. M. Kerry reviendra mercredi au Capitole pour une audition à la Chambre des représentants.

À l'issue d'une rencontre avec Barack Obama à la Maison Blanche lundi, les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham ont qualifié de «catastrophique» un éventuel rejet par le Congrès de la résolution autorisant le recours à la force.

«Un vote du Congrès contre la résolution serait à mon avis catastrophique», a déclaré M. McCain, qui milite pour une intervention musclée, semblant ainsi apporter son soutien au président. «Cela laminerait la crédibilité des États-Unis et du président américain. Personne ne le souhaite».

«Nous voulons travailler sur la résolution pour en faire quelque chose de susceptible de recueillir le soutien d'une majorité à la Chambre des représentants et au Sénat», a-t-il dit.

Les deux sénateurs interventionnistes ont ensuite affirmé que l'administration préparait un plan pour renforcer les capacités militaires des rebelles syriens.

«Un consensus est en train de se former sur la nécessité de dégrader les capacités d'Assad et de renforcer l'opposition», a dit M. Graham. «Il semble que l'administration soit en train de préparer un plan assez solide pour renforcer l'opposition», a-t-il répété, apparemment satisfait.

«Nous pensons qu'une stratégie est en train d'être développée pour renforcer les capacités de l'Armée libre syrienne et dégrader les capacités de Bachar al-Assad», a confirmé M. McCain.

Les déplacements prévus au Congrès des hauts responsables gouvernementaux, qui multiplient depuis plusieurs jours les contacts téléphoniques avec les élus, visent à inciter les sceptiques à autoriser formellement le recours à la force en Syrie, alors que de nombreux démocrates et républicains ont publiquement dit pencher vers le rejet de la résolution.

Le président a téléphoné individuellement à plusieurs parlementaires ce week-end, tout comme le vice-président Joe Biden.

Des séances d'information classifiées ont été programmées au Sénat mardi, mercredi et vendredi.

Et mardi, plusieurs responsables du Congrès rencontreront Barack Obama à la Maison Blanche, avant le départ du président pour la Suède et le sommet du G20 en Russie.

Samedi, bouleversant des décennies de pratiques présidentielles et créant la surprise, il avait annoncé son intention de formellement requérir une autorisation du Congrès pour frapper la Syrie, un pari risqué tant le Congrès s'est montré peu coopératif avec lui.

La Russie veut envoyer une délégation parlementaire à Washington

Le président russe veut envoyer une délégation parlementaire aux États-Unis pour discuter de la situation en Syrie avec les membres du Congrès, affirme l'agence de presse russe Interfax.

Les députés russes Valentina Matvienko et Sergueï Narychkine ont fait cette proposition lundi au président Vladimir Poutine, en faisant valoir que les sondages montrent que les Américains sont peu disposés à lancer leur pays dans une intervention militaire afin de punir le régime syrien pour la présumée attaque chimique.

Les députés russes espèrent pouvoir convaincre les membres du Congrès à Washington d'adopter une «position équilibrée» dans ce dossier. Le président Poutine soutient leur initiative, qui devra tout de même obtenir l'approbation du ministère des Affaires étrangères.

La Russie est l'un des principaux alliés de la Syrie sur la scène internationale.

Le ministre russe des Affaires étrangères a estimé lundi que les preuves montrées à son pays par les États-Unis, qui accusent le régime syrien d'avoir perpétré l'attaque chimique alléguée du 21 août dans la région de Damas, ne sont pas convaincantes.

Sergueï Lavrov a affirmé que les preuves américaines sont dépourvues d'éléments spécifiques essentiels comme les coordonnées géographiques, le nom des victimes et l'assurance que les «tests» ont été menés par des professionnels. Il n'a pas précisé à quels tests il faisait référence.

Selon M. Lavrov, les preuves présentées par les États-Unis, mais aussi par le Royaume-Uni et la France, ne sont «absolument pas convaincantes». Il a déclaré avoir demandé des preuves plus détaillées, mais s'être fait répondre qu'il s'agissait d'informations classifiées ne pouvant être partagées.

Selon le gouvernement américain, l'attaque chimique dans les banlieues de Damas a fait plus de 1400 morts, dont au moins 400 enfants.