Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est dit vendredi prêt à aller combattre personnellement en Syrie et à y envoyer plus de combattants aider le régime à défaire les extrémistes musulmans qu'il accuse d'être derrière les attentats contre ses fiefs au Liban.

Le secrétaire général du puissant mouvement chiite libanais armé s'exprimait dans un discours d'une grande pugnacité, au lendemain de l'attentat à la voiture piégée qui a fait 22 morts et plus de 300 blessés dans la banlieue sud chiite de Beyrouth.

«Si dans la bataille contre ces terroristes takfiri (extrémistes musulmans sunnites) il le faut (...) le Hezbollah et moi-même nous irons en Syrie», a-t-il dit dans ce discours diffusé sur grand écran devant des milliers de ses partisans rassemblés dans le sud du Liban à l'occasion de l'anniversaire marquant la fin de la guerre de 2006 qu'il considère comme une victoire sur Israël.

Des centaines de combattants du Hezbollah, allié indéfectible du régime du président Bachar al-Assad, combattent depuis des mois aux côtés de l'armée en Syrie contre les rebelles et les jihadistes. Le groupe libanais a joué un rôle majeur dans la défaite des rebelles à Qousseir et Khaldiyé (centre de Syrie).

«Si, en tuant nos enfants, nos femmes et des innocents, en détruisant nos quartiers, vous pensez que nous allons faire marche arrière (concernant le soutien au régime syrien), vous vous trompez», a lancé Hassan Nasrallah.

«Notre réponse à tout attentat de ce genre, c'est que si nous avons 100 combattants en Syrie, nous en enverrons 200, et si nous en avons 5000 nous en enverrons 10 000», a-t-il ajouté.

Tout en se gardant bien de les assimiler à la communauté musulmane sunnite, le chef du Hezbollah a accusé les groupes extrémistes issus de cette communauté d'avoir commis l'attentat de jeudi.

«(...) Il est très probable que tous les indices mènent à ces groupes takfiri (...) ce ne sont pas des sunnites, ce sont des assassins», a-t-il souligné, alors que les tensions entre sunnites et chiites sont à leur comble au Liban, divisé sur le conflit syrien, et en Syrie même.

Avant son discours, le ministre libanais de la Défense a signalé que les services de renseignement militaires avaient identifié un réseau de sept Libanais, soupçonné de piéger des voitures pour les faire exploser dans le fief du Hezbollah au sud de Beyrouth et dans d'autres régions.

Il a précisé que ce groupe avait préparé un premier attentat le 9 juillet à Bir el-Abed, bastion du Hezbollah, qui avait fait une cinquantaine de blessés.

Des mesures draconiennes de sécurité prises par le Hezbollah n'ont pas empêché les deux attentats survenus dans des secteurs densément peuplés.

Pour Ghassan al-Azzi, professeur de sciences politiques à l'Université libanaise, le Hezbollah subit les conséquences de son engagement au côté du régime contre les rebelles en Syrie, majoritairement sunnites. «Le Hezbollah a commis une erreur stratégique et en voici les résultats».

Un groupuscule portant un nom à connotation sunnite a revendiqué l'attentat de jeudi dans une vidéo, mais celle-ci n'a pas pu être authentifiée. La principale composante de la rébellion, l'Armée syrienne libre, a affirmé ne rien à voir avec l'attaque.

La télévision du Hezbollah Al-Manar a elle aussi estimé que le parti chiite «paie le prix de sa position» en Syrie.

Dans un acte de défi, les auteurs de l'attentat ont choisi le quartier Roueiss où Hassan Nasrallah avait fait une rarissime apparition publique le 3 août, alors qu'il réside caché depuis des années par crainte d'une tentative d'assassinat.

Le conflit en Syrie a exacerbé les tensions entre les deux principales communautés musulmanes du Liban: les chiites emmenés par le Hezbollah et les sunnites qui soutiennent rebelles de Syrie. Le Liban est paralysé depuis cinq mois, après la démission du gouvernement dominé par le Hezbollah en raison des querelles internes.

«Le Liban est plus que jamais vulnérable au niveau de la sécurité, alors qu'il n'y a ni État ni consensus politique», affirme M. Azzi.

Enfin, le président israélien Shimon Peres a rejeté les accusations du chef de l'État libanais Michel Sleimane sur une implication d'Israël dans l'attentat.