L'Organisation des Nations unies (ONU) affirme que le nombre de réfugiés fuyant les combats en Syrie est si important qu'il rappelle celui observé il y a 20 ans lors du génocide rwandais. Ce mouvement massif fait exploser les besoins d'aide humanitaire alors que les fonds semblent insuffisants pour répondre à la demande un peu partout sur la planète. Le point sur la situation.

Une crise qui dégénère

Dans la foulée du Printemps arabe, la contestation du régime du président syrien Bachar al-Assad a pris de l'ampleur en mars 2011. Les confrontations entre la rébellion et les troupes gouvernementales ont fini par tourner à la guerre civile. Le conflit a pris aussi une envergure internationale, l'Iran et la Russie appuyant le gouvernement syrien alors que plusieurs États arabes et les États-Unis apportaient leur soutien aux rebelles. Après deux ans de conflit, le bilan s'élève à 100 000 morts, selon l'ONU. Plus de 1,8 million de Syriens ont trouvé refuge à l'extérieur du pays. Ce bilan pourrait passer à 3,45 millions de personnes d'ici la fin de l'année. Selon le Haut commissariat aux réfugiés, 6000 personnes par jour quitteraient la Syrie, qui compte 20,8 millions d'habitants. La grande majorité de ces «exilés» trouve refuge en Jordanie, au Liban et en Turquie.

Le précédent rwandais

En 1994, plus de 800 000 Rwandais, des Tutsis et des Hutus modérés, ont été massacrés sur une période de trois mois. Le gouvernement, noyauté par des extrémistes hutus, a lancé les exactions après que le président eut été tué dans un attentat. Le conflit dans le pays s'est arrêté en juin avec l'arrivée au pouvoir des rebelles tutsis du Front patriotique rwandais. Plus d'un million de Hutus, craignant les représailles, ont fui vers le Congo voisin. La communauté internationale sera accusée d'avoir laissé la situation se détériorer, notamment en ne permettant pas à la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda, dirigée par le général Roméo Dallaire, d'intervenir avec force sur le terrain.

Une aide insuffisante

Le conflit syrien complique la tâche de l'ONU dans ses efforts en matière d'aide humanitaire. On estime que 4,4 milliards seront nécessaires pour venir en aide aux Syriens dans leur pays et dans la région. Or, l'organisation internationale a affirmé hier avoir reçu moins de la moitié des 12,9 milliards de dollars nécessaires pour l'année 2013. «C'est une année extraordinaire, des circonstances extraordinaires», a signalé Valerie Amos, coordonnatrice des opérations humanitaires. Si la situation s'est améliorée dans certaines régions du monde, elle s'est dégradée entre autres au Mali, au Soudan du Sud et en Mauritanie.

- Avec Agence France-Presse