Un responsable du renseignement militaire israélien a accusé mardi le régime du président syrien Bachar al-Assad d'«utiliser des armes chimiques» dans sa guerre contre les rebelles.    

Le général Itaï Brun, chef du département de recherche et d'analyse au sein de la division du renseignement de l'armée, a formulé ces conclusions lors d'une intervention à une conférence internationale sur la sécurité, alors que le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel achevait une visite de trois jours en Israël avant de se rendre en Jordanie puis en Arabie saoudite.

«Assad utilise des armes chimiques en Syrie», a affirmé le responsable militaire dont la déclaration a été diffusée sur le compte Twitter officiel de l'armée israélienne.

«Pour autant que nous sachions en fonction de notre expertise, le régime a utilisé des armes chimiques mortelles contre les rebelles lors d'une série d'incidents ces derniers mois», a-t-il dit, selon une retranscription de ses propos fournie par l'armée israélienne.

«Les pupilles qui se contractent, l'écume qui sort de la bouche et d'autres signes que nous avons vus attestent de l'utilisation d'armes chimiques mortelles», a-t-il ajouté, précisant fonder ces observations sur des photos prises dans les zones concernées.

«Quelles armes chimiques? Apparemment du sarin», a poursuivi le général israélien.

Toutefois, la Maison-Blanche a vivement réagi en assurant que les États-Unis ne sont «pas parvenus à la conclusion» de l'utilisation d'armes chimiques par le régime du président syrien Bachar al-Assad».

«Nous soutenons une enquête, nous surveillons (cette affaire) et nous ne sommes pas parvenus à la conclusion que (des armes chimiques) ont été utilisées», a précisé le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney, en répétant qu'un tel recours serait inacceptable.

De son côté, le secrétaire d'État américain John Kerry a indiqué que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou n'avait pas pu lui confirmer l'utilisation par la Syrie d'armes chimiques.

«Je ne sais pas pour l'instant quels sont les faits et personne ne sait», a ajouté M. Kerry en marge d'une réunion de l'OTAN à Bruxelles.

Interrogé mardi à plusieurs reprises, le porte-parole de M. Nétanyahou s'est refusé à tout commentaire.

L'administration américaine a prévenu que le régime syrien devrait «rendre des comptes» en cas de recours aux armes chimiques, mais M. Hagel s'est contenté lundi de confirmer que «les agences de renseignement (américaines) examinaient ce qui s'est produit ou non», sans autre indication.

Le 18 avril, un haut responsable américain a affirmé que les agences de renseignement américaines enquêtaient sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques par le régime syrien contre les rebelles, évoquée par des pays européens

Selon certaines informations, un agent chimique «très suspect» pourrait avoir été utilisé lors de récents combats en Syrie, mais les services d'espionnage évaluent ces informations et n'ont pas encore tiré de conclusion, a dit à l'AFP ce responsable sous couvert d'anonymat. Il est possible que des armes chimiques aient été utilisées d'une manière limitée et très «localisée».

À l'ONU, des diplomates avaient pour leur part confié que les pays occidentaux avaient des «preuves solides» que des armes chimiques avaient été utilisées au moins une fois dans le conflit syrien, dont le régime et la rébellion s'accusent mutuellement.

Selon le Washington Post et la revue Foreign Policy, la France et le Royaume-Uni ont informé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon que des examens du sol, des entretiens avec des témoins et des rebelles montraient que des agents neurotoxiques avaient été utilisés dans et autour d'Alep (nord), de Homs (centre) et peut-être à Damas.