Le régime syrien a retourné samedi contre les rebelles l'accusation que lui ont faite les Occidentaux de vouloir utiliser des armes chimiques dans le conflit en Syrie, en mettant en avant la prise par les jihadistes d'une usine produisant du gaz hautement toxique.

Par ailleurs, un nouveau commandement chapeautant la plupart des groupes rebelles en Syrie, à l'exception des jihadistes du Front al-Nosra, doit être annoncé avant la tenue le 12 décembre à Marrakech de la réunion internationale «des Amis du peuple syrien», selon un haut responsable de l'opposition.

Alors que la communauté internationale a multiplié les mises en garde au président Bachar al-Assad contre tout recours à des armes chimiques, les Affaires étrangères syriennes ont réaffirmé que le pouvoir ne recourait jamais à de telles armes, mais mis en garde contre leur utilisation par les rebelles.

Dans des lettres adressées à l'ONU et citées par les médias officiels, le ministère a «mis en garde contre l'utilisation par les groupes terroristes d'armes chimiques contre le peuple syrien et déploré l'inaction de la communauté internationale après la prise de contrôle par un groupe terroriste d'une usine privée fabriquant du chlore toxique à l'est d'Alep (nord)».

Il faisait allusion à l'usine syro-saoudienne SYSACCO qui fabrique de la soude caustique et du gaz chlorhydrique, prise cette semaine selon des habitants par les jihadistes du Front al-Nosra. Elle se trouve près de la localité de Sfire, dans une zone agricole et de nombreux agriculteurs se sont plaints de la pollution de l'eau par l'usine.

Dans les mêmes lettres adressées au Conseil de sécurité et au secrétaire général Ban Ki-moon, le régime a réaffirmé qu'il «n'utilisera jamais les armes chimiques, si elles existent».

La Russie, un allié du régime Assad, a implicitement reconnu l'existence de ses armes en Syrie, en affirmant qu'elles étaient «sous contrôle étroit».

Des responsables américains s'exprimant sous le couvert de l'anonymat avaient assuré que l'armée syrienne avait chargé avec du gaz sarin des bombes destinées à être larguées par avion.

Vendredi, George Sabra, chef du Conseil national syrien, principale composante de la Coalition de l'opposition, a demandé «au monde d'agir avant la catastrophe» que représenterait l'utilisation d'armes chimiques par le régime.

La Syrie est en proie à un conflit déclenché le 15 mars 2011 par une révolte populaire contre le pouvoir qui s'est militarisée face à sa répression sanglante par l'armée. Les violences ont fait en près de 21 mois plus de 42.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Alors que les efforts diplomatiques pour un règlement n'ont pas abouti et que les belligérants restent décidés à se battre jusqu'au bout, la Coalition de l'opposition va créer incessamment un Conseil militaire suprême pour «unifier l'action militaire», a déclaré le secrétaire général de cette Coalition.

«C'est exclusivement à ce conseil que nous verserons l'aide matérielle que nous obtiendrons», a dit Moustapha Sabbagh à l'AFP. Quant aux groupes extrémistes islamistes armés, comme le Front al-Nosra qui avait annoncé son rejet de la Coalition de l'opposition, ils n'en feront pas partie, selon lui.

Pourtant, les derniers mois du conflit ont été marqués par une montée en puissance dans les rangs rebelles des groupes jihadistes, a constaté l'AFP, avec l'émergence sur le devant de la scène du Front al-Nosra.

Le général Selim Idriss, un ingénieur militaire qui a fait défection en juillet 2012, doit être le chef du nouvel état-major de la rébellion, selon un haut responsable de l'opposition.

Sur le terrain, les combats et les bombardements se sont poursuivis dans la province de Damas, désormais au coeur des combats. Selon l'OSDH, sur les 43 morts dans les violences samedi, 14 rebelles et 12 civils ont été tués dans cette région par les raids aériens, les bombardements et les affrontements.