Le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition, a exhorté dimanche la Ligue arabe, dont une mission d'observateurs est attendue lundi en Syrie, à se rendre à Homs, où des milliers de soldats «assiègent» un quartier insurgé.

Homs, troisième ville du pays située à 160 km au nord de Damas, est le haut-lieu de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, qui a débuté à la mi-mars. De grosses manifestations y ont lieu contre les autorités, mais également des affrontements meurtriers entre l'armée et des déserteurs.

«Depuis tôt ce matin, le quartier de Baba Amro (à Homs) est assiégé et sous la menace d'une invasion militaire de la part d'une force estimée à 4000 soldats», indique le CNS dans un communiqué reçu par l'AFP à Nicosie.

«Cela s'ajoute au bombardement continu de Homs qui dure depuis des jours», indique le conseil.

Le CNS demande que les observateurs de la Ligue arabe «aillent immédiatement à Homs, notamment dans les quartiers assiégés, pour remplir leur mission», indique le texte.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait déjà exhorté samedi l'équipe de la Ligue arabe à se rendre «immédiatement» à Homs, haut lieu de la contestation, après la mort samedi de quatre civils «portant des traces de torture».

Une équipe de la Ligue arabe est arrivée jeudi à Damas, pour préparer la mission d'observateurs de l'organisation.

Selon le chef de la délégation, Samir Seif al-Yazal, adjoint du secrétaire général de la Ligue arabe, ces observateurs seront «plus de 50 experts arabes dans différents domaines, notamment politique, droits de l'Homme, militaire».

Les autorités syriennes ont qualifié samedi de «positive» une rencontre entre cette délégation et le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem.

Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal al-Maqdad avait signé lundi au Caire un document arabe pour la protection des civils, qui prévoit le déploiement de ces observateurs.

Le CNS demande également aux observateurs de se rendre dans «tous les points chauds en Syrie, ou alors (...) de mettre fin à leur mission s'ils ne peuvent pas la mener» à bien, a-t-il ajouté.

«Nous tenons pour responsables la Ligue arabe et la communauté internationale pour les massacres et le sang versé commis par le régime», ajoute le CNS.

Selon une estimation de l'ONU, plus de 5000 personnes ont été tuées dans la répression de la révolte contre le régime, selon qui les violences sont le fait de «groupes armés».

Des milliers de personnes ont participé samedi aux funérailles des 44 personnes tuées la veille dans des attentats suicide, sans précédent depuis le début de la révolte en mars, perpétrés contre des locaux des services de sécurité à Damas.

Alors que les autorités syriennes ont vu «la main d'Al-Qaïda» derrière les attentats, les Frères musulmans ont accusé Damas de les avoir «mis en scène» «afin de détourner l'attention (des observateurs arabes) des manifestations hebdomadaires».

Ils l'ont en outre accusé d'avoir «fabriqué de toutes pièces» un autre communiqué revendiquant les attaques au nom des Frères.

Les violences se sont poursuivies dimanche à travers le pays.

Un civil a été tué par les tirs des forces de sécurité à Homs dans le quartier de Karm al-Zaitoun et huit autres personnes ont été blessées dans le pilonnage aux obus du quartier de Baba Amro, selon l'OSDH.

À Deir Ezzor (est), quatre civils ont été blessés et au moins 27 autres arrêtés lors de perquisitions dans le village de Jarzi.

À Damas, cinq civils ont été blessés par les tirs des forces de sécurité dans le quartier Sitt Zeinab (sud), selon la même source.

Samedi, 20 civils ont été tués à travers le pays.

À l'occasion de Noël, Benoît XVI a demandé dimanche dans son message «urbi et orbi» («à la ville et au monde») «la fin des violences» en Syrie: «Puisse le Seigneur faire cesser les violences en Syrie, où beaucoup de sang a déjà été versé».