Les militants pro-démocratie ont appelé à de nouvelles manifestations massives vendredi à travers la Syrie pour crier leur hostilité au régime de Bachar al-Assad, malgré de nouvelles violences qui ont fait au moins 26 morts jeudi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Sous le slogan «Nous demandons le gel de l'adhésion de la Syrie à la Ligue arabe», les manifestations coïncideront avec une réunion au Caire du Comité ministériel arabe chargé du dossier syrien, qui accuse le régime Assad de ne pas respecter le plan arabe appelant à cesser les violences.

Cette réunion sera suivie samedi d'une autre élargie à l'ensemble des ministres arabes des Affaires étrangères. Le gouvernement syrien avait accepté le 2 novembre ce plan prévoyant aussi la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation des médias.

Mais depuis cette date, les forces du régime chargées de réprimer la révolte ont renforcé leurs opérations, faisant des dizaines de morts en particulier à Homs (centre), un haut lieu de la contestation, assiégé et bombardé par l'armée, selon les organisations syriennes de défense des droits de l'Homme.

Jeudi, 16 civils, dont une fillette, ont péri à Homs sous les balles des forces de sécurité, alors que cinq corps de personnes disparues ont été retrouvés dans cette région, selon un nouveau bilan de l'OSDH.

«Les forces de sécurité ont arrêté trois blessés dans un hôpital privé» de Homs, a ajoute l'OSDH.

Homs est surnommée par les militants la «capitale de la Révolution», en raison du grand nombre des «martyrs» qui y sont tombés depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars.

Dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), cinq civils ont été tués lors de perquisitions, selon l'OSDH, qui signale également un mort à Hama (nord), un autre à Daraa (sud) et trois morts dans la région de Damas.

Par ailleurs, l'OSDH évoque «plusieurs affrontements» entre soldats et hommes armés, vraisemblablement des déserteurs, qui auraient fait «des dizaines de morts et de blessés parmi les soldats», dans la région d'Idleb.

Toujours, dans cette région d'Idleb, «au moins quatre soldats ont été tués» lors d'une attaque contre un barrage militaire près de la ville de Maaret al-Noomane», indique l'OSDH.

Dans l'est du pays, deux militaires, dont un officier, ont été tués et cinq soldats blessés lorsque des déserteurs présumés ont attaqué un barrage militaire près de Deir Ezzor. Et à Harasta, près de Damas, des affrontements ont eu lieu entre l'armée et des déserteurs présumés, de même source.

Dans le même temps, une grève générale a été observée dans plusieurs villes du pays à l'appel de la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), un des groupes qui chapeautent la contestation, «pour soutenir Homs», selon des vidéos diffusées sur YouTube.

A Jabal al-Zaouiya, dans la région d'Idleb, les forces de l'ordre ont tenté d'ouvrir les magasins par la force, selon l'OSDH.

A Damas, des agents de sécurité déployés en force dans le quartier de Barzé ont arrêté plusieurs personnes. «Des tireurs embusqués sont postés sur les hauts immeubles à Barzé, où une importante manifestation» a eu lieu, a ajouté l'organisation basée au Royaume-Uni.

La France et les Etats-Unis, qui réclament le départ de M. Assad, ont critiqué l'inaction du Conseil de sécurité de l'ONU face à la répression en Syrie, qui a fait selon les Nations Unies plus de 3.500 morts depuis le 15 mars.

Mercredi, le secrétaire d'Etat adjoint pour le Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, a affirmé que des dirigeants arabes avaient indiqué en privé aux Etats-Unis qu'ils proposaient l'asile à M. Assad pour le convaincre de partir. «Bachar al-Assad est fini», a-t-il dit.

Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition, a lancé une campagne auprès des pays arabes pour réclamer des mesures sévères contre le régime qu'il a accusé de «massacres barbares».

Le CNS réclame des poursuites devant la Cour pénale internationale contre le régime pour «génocide», une protection internationale pour la population civile. Il demande aussi à être reconnu comme «représentant légitime» du peuple syrien.