Les forces égyptiennes, appuyées par des hommes armés en civil, ont tiré à balles réelles le 6 octobre sur des partisans du président destitué Mohamed Morsi, a rapporté lundi Amnesty International, en dénonçant un «usage disproportionné de la force» à leur encontre.

Selon l'ONG basée à Londres, au moins 49 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées au Caire, lorsque les forces de sécurité ont fait «un usage excessif et injustifié d'armes létales» pour disperser des pro-Morsi, qui tentaient d'atteindre la place Tahrir.

Le ministère de la Santé avait fait état de 48 morts dans la capitale égyptienne et de neuf autres en province.

Citant des témoins, Amnesty a indiqué qu'à certains moments, les forces de sécurité, appuyées par des hommes en civil armés de couteaux, épées et armes à feu, avaient attaqué les protestataires.

«Bien que certains manifestants pro-Morsi aient lancé des pierres, brûlé des pneus et utilisé (...) des objets incendiaires contre les forces de sécurité et des habitants, les forces de l'ordre ont eu recours à la force létale, quand cela n'était pas strictement nécessaire», a dénoncé l'ONG, précisant qu'aucun membre des forces de sécurité n'avait été tué durant les heurts.

Selon Amnesty, 30 personnes ont notamment été tuées dans le quartier de Dokki quand les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles, et 16 autres ont été tuées par balles près de la place Ramsès.

«L'air était saturé de gaz lacrymogènes, les balles sifflaient (...) et les gens tombaient autour de nous», a raconté à l'ONG une manifestante pro-Morsi, Oum Sara.

Appelant à une enquête impartiale, la directrice adjointe d'Amnesty pour le Moyen-Orient, Hassiba Hadj Sahraoui, a affirmé que «le mépris absolu par les autorités des standards internationaux concernant l'usage légal de la force suggérait qu'elles étaient prêtes à réprimer les partisans de Morsi à n'importe quel prix».

L'implacable répression visant les partisans de M. Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet, avait connu son paroxysme le 14 août, lorsque l'armée et la police avaient détruit deux campements où des milliers d'islamistes réclamaient le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays.

Dans ces violences et durant la semaine qui a suivi, plus d'un millier de personnes ont péri, en grande majorité des manifestants pro-Morsi. Dans le même temps, plus de 2000 islamistes ont été arrêtés.