L'ONU, les États-Unis et l'Union européenne ont manifesté leur inquiétude lundi après les violences religieuses en Égypte, en appelant à la retenue et au respect des droits des minorités.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré «profondément attristé» par les événements. Il «appelle tous les Égyptiens à rester unis et à préserver l'esprit des changements historiques de début 2011», a dit son porte-parole Martin Nesirky.

«Il appelle les autorités de transition à garantir la protection des droits de l'homme et des libertés civiles pour les Égyptiens de toutes confessions», a ajouté le porte-parole.

Le président américain Barack Obama est «profondément inquiet», a indiqué lundi son porte-parole Jay Carney, qui a exprimé la solidarité des États-Unis au pays «en ce moment difficile».

«L'heure est venue pour toutes les parties de faire preuve de retenue, pour que les Égyptiens puissent progresser dans l'élaboration d'une Égypte forte et unie», a ajouté M. Carney dans un communiqué.

De Luxembourg, où se réunissaient les chefs de la diplomatie de l'Union européenne, le ministre britannique William Hague a également appelé toutes les parties à «engager le dialogue», et salué l'appel à la retenue du premier ministre égyptien Essam Charaf.

«La liberté de religion est un bien universel qui doit être protégée partout», a ajouté M. Hague.

Collectivement, les Européens «ont unanimement condamné les violences contre les chrétiens coptes en Égypte», s'est félicité le ministre italien Franco Frattini en marge de la même réunion.

M. Frattini a déploré «l'exode» des chrétiens d'Égypte. «Je ne sais pas si le chiffre de 10 000 est vrai, mais il s'agit d'un chiffre énorme», a-t-il dit.

«La tâche des autorités égyptiennes, civiles et militaires, est de s'assurer que les gens puissent pratiquer librement leur religion, y compris les chrétiens», a dit en écho le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

Le respect des minorités religieuses est «une ligne rouge» à ne pas dépasser, a affirmé son homologue français, Alain Juppé.

La ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, a évoqué pour sa part «une situation inquiétante».

Le sort des Coptes préoccupait aussi la Maison-Blanche lundi.

«Au moment où les Égyptiens définissent leur avenir, les États-Unis continuent à penser que les droits des minorités, dont les Coptes, doivent être respectés, et que tous les gens ont le droit de manifester pacifiquement et de pratiquer librement leur religion», a déclaré M. Carney.

«Ces événements tragiques ne doivent pas empêcher la tenue d'élections en temps et en heure et la poursuite d'une transition vers la démocratie qui soit pacifique, juste et partagée», a-t-il espéré.

Enfin en Israël, le bureau anti-terroriste du gouvernement a déconseillé aux Israéliens les visites dans la péninsule égyptienne du Sinaï durant les prochaines fêtes juives de Souccot. Le communiqué engage «tous les Israéliens» se trouvant actuellement dans le Sinaï «à quitter la région immédiatement». Il ne fait toutefois pas allusion aux incidents survenus dimanche au Caire.

Vingt-quatre personnes ont été tuées et 200 blessées dimanche lorsqu'une manifestation initialement pacifique a dégénéré au Caire pour une raison inconnue.

Des milliers de Coptes, une église chrétienne représentant 6 à 10 % de la population égyptienne et qui s'estime discriminée par la majorité musulmane, s'étaient rassemblés pour protester contre l'incendie d'une église dans le gouvernorat d'Assouan (Sud).

Au Caire, le grand imam d'al-Azhar, dont l'influence dépasse les frontières du pays en tant que plus haute institution de l'islam sunnite, a appelé à des discussions entre les membres de la Famille égyptienne, une organisation réunissant des religieux musulmans et chrétiens, «afin de tenter de contenir la crise».