Des dizaines de Syriens ont été enlevés, des magasins vandalisés, des ouvriers chassés de leur travail par des chiites armés qui affirmaient mercredi agir pour obtenir la libération de proches enlevés en Syrie par l'opposition.

En outre, l'ambassadeur d'Arabie Saoudite au Liban, Ali al-Assiri, qui se trouve dans son pays, a demandé à tous ses concitoyens de quitter immédiatement le Liban après «des menaces très claires contre eux», selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).

«Nous avons enlevé à Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa 33 Syriens, dont un capitaine de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelle) qui était soigné dans un hôpital, ainsi qu'un Turc, pour obtenir la libération de notre parent Hassan, 40 ans, enlevé avant-hier en Syrie», a déclaré à l'AFP Hathem al-Mouqdad, porte-parole d'un clan chiite.

«Demain, il y en aura peut-être 50 car c'est le seul moyen de préserver la vie de Hassan, et ceux qui ont ordonné ce rapt le paieront cher», a-t-il ajouté, précisant qu'il refusait toute médiation, à l'exception du Comité international de la Croix rouge (CICR) et du chef de l'armée libanaise.

Selon des télévisions arabes, un groupe rebelle syrien a revendiqué l'enlèvement de Hassan al-Mouqdad, l'accusant d'être un tireur embusqué et un membre du Hezbollah, le mouvement chiite libanais qui soutient le régime syrien de Bachar al-Assad.

«Toutes ces accusations sont des mensonges. Notre demande n'est pas politique. Il s'agit d'une question humanitaire», a déclaré un autre membre du clan, Abou Ali al-Mouqdad.

Le conflit en Syrie divise profondément le Liban voisin, pays à l'équilibre confessionnel très fragile, notamment entre des chiites qui expriment leur sympathie pour le régime alaouite - une émanation du chiisme - et des sunnites qui penchent vers les insurgés.

Au sud de Beyrouth, des dizaines de Syriens ont été enlevés et leurs biens vandalisés également mercredi après l'annonce erronée de certains médias de la mort de onze pèlerins chiites kidnappés en mai dans le nord de la Syrie, a annoncé l'agence officielle libanaise.

«Une atmosphère de chaos règne» à la lisière de Choueifat et Hay Saloum, dans une zone chiite de la banlieue sud de la capitale, a affirmé l'ANI.

Des proches des Libanais enlevés en Syrie sont sortis pour harceler des Syriens, puis des hommes en armes «ont vandalisé les magasins, détruit des voitures mises en vente dans des salles d'exposition et enlevé des dizaines de Syriens», a expliqué l'ANI.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exprimé «sa consternation devant l'enlèvement d'un grand nombre de citoyens syriens qui ont fui vers le Liban pour y trouver refuge en raison de l'oppression sanglante qu'ils subissent dans leur pays».

Mercredi, un raid de l'armée de l'air syrienne a fait au moins 23 morts et plus de 200 blessés dans la ville rebelle syrienne d'Azaz, près de la frontière avec la Turquie, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Selon cette organisation, les onze pèlerins chiites libanais enlevés le 22 mai dans le nord de la Syrie ont été touchés par ce raid qui a rasé une dizaine d'habitations et «grièvement blessés» quatre d'entre eux.