Dix soldats libanais ont été tués et 13 sont portés disparus après des combats dans la région d'Aarsal, frontalière de la Syrie, qui ont éclaté samedi à la suite de l'arrestation d'un membre présumé de la branche syrienne d'Al-Qaïda.

Il s'agit des violences les plus graves à toucher cette zone du nord-est du Liban depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie.

Elles ont été déclenchées à la suite de l'arrestation d'un Syrien qui selon l'armée a reconnu appartenir au Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.

D'après le chef de l'armée libanaise, le général Jean Kahwaji, dix soldats ont été tués et 13 autres sont portés disparus.

«L'armée a perdu 10 martyrs, 25 autres (ont été) blessés, dont quatre officiers, et 13 soldats sont portés disparus, possiblement retenus prisonniers», a-t-il déclaré à des journalistes, qualifiant la situation d'«extrêmement dangereuse». Un précédent bilan faisait état de 8 soldats tués et plusieurs blessés.

L'armée a indiqué dans un communiqué que ses troupes avaient «poursuivi toute la nuit leurs opérations militaires dans la zone d'Aarsal et ses environs, pourchassant et affrontant les groupes armés», ajoutant que des hommes armés avaient aussi tiré des obus sur la région.

Selon les autorités, les combats ont commencé samedi après-midi après l'arrestation d'Imad Ahmad Jomaa. Des hommes armés ont encerclé des postes de contrôle dans la région, avant d'ouvrir le feu sur les troupes et d'attaquer un poste de police à Aarsal, selon des sources des services de sécurité.

Trois civils ont été tués dans cette attaque, d'après ces sources.

L'armée «résolue et ferme»

L'armée libanaise a promis samedi d'agir de façon «résolue et ferme», affirmant qu'elle ne permettrait «à personne de transférer le conflit syrien» au Liban.

Cette explosion de violences a ravivé les tensions à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, où des heurts opposent régulièrement des activistes sunnites, soutenant la rébellion syrienne, aux forces de sécurité libanaises et à des habitants alaouites, qui soutiennent le président syrien Bachar al-Assad.

Selon une source de sécurité, deux soldats ont été blessés dans de nouveaux affrontements à Tripoli au cours desquels des roquettes antichar de type RPG et des engins explosifs artisanaux ont été utilisés.

Les violences à Aarsal ont suscité l'inquiétude au Liban, mais aussi à l'étranger.

Les États-Unis ont «fermement» condamné les attaques contre les forces de sécurité libanaises, affirmant leur «fort soutien» aux institutions de l'État libanais, selon un communiqué du département d'État, qui appelle en outre toutes les parties à respecter la neutralité du Liban.

L'ambassadeur des États-Unis au Liban a rencontré dimanche le commandant de l'armée libanaise pour affirmer son soutien, selon un communiqué de l'ambassade.

Le premier ministre libanais Tammam Salam a de son côté condamné cette «attaque flagrante contre l'État libanais et les forces armées libanaises». «Le gouvernement libanais gère ces événements avec fermeté», a-t-il assuré dans un communiqué, appelant «toutes les forces politiques à agir avec sagesse et responsabilité».

Le Hezbollah chiite libanais, dont des troupes combattent la rébellion en Syrie, a apporté son appui à l'armée libanaise, affirmant se tenir au «côté de cette institution face aux menaces contre notre pays».

Dizaines de milliers de réfugiés

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a expliqué à l'AFP qu'il suivait «de près» la situation à Aarsal, mais qu'il n'avait pas d'informations sur de possibles répercussions des combats sur les nombreux réfugiés syriens présents dans la région.

La localité d'Aarsal est majoritairement sunnite - comme la rébellion syrienne - et sa région accueille des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui les violences en Syrie.

La ville est voisine du Qalamoun syrien, où les rebelles ont essuyé plusieurs revers ces derniers mois face aux forces loyalistes appuyées par des combattants du Hezbollah.

Depuis des mois, des combats meurtriers opposent les jihadistes sunnites d'al-Nosra et ceux de l'État islamique (EI) dans le nord et l'est de la Syrie. Mais dans le Qalamoun, ils se battent ensemble pour tenter de préserver leurs positions et d'acheminer des renforts.

Dans cette région, au moins 50 jihadistes ont été tués depuis vendredi dans des combats avec les troupes syriennes et le Hezbollah, avait rapporté samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).