Au moins 52 personnes ont été tuées jeudi dans l'attentat suicide et l'assaut menés contre le complexe du ministère de la Défense à Sanaa, selon un nouveau bilan officiel.

La commission suprême de sécurité a indiqué que 52 personnes avaient péri et 167 autres avaient été blessées dans ces attaques, selon un communiqué rapporté par l'agence officielle Saba. Le ministère de la Défense avait auparavant fait état d'au moins 25 morts. 

Les assaillants ont concentré leur assaut - un attentat suicide suivi par une attaque armée - contre l'hôpital militaire de l'immense complexe abritant le ministère, situé près de Bab al-Yaman, à l'entrée de la vieille ville de Sanaa.

Au moins cinq médecins étrangers - deux Allemands, un Vénézuélien et deux Philippines -, trois de leurs collègues yéménites et cinq patients, dont un juge, figurent parmi les morts, selon une source médicale.

L'attentat, sur le modus operandi d'Al-Qaïda, n'a pas été encore revendiqué.

L'assaut a été lancé par un kamikaze au volant d'une voiture piégée qui a forcé une entrée du ministère, avant d'être suivi par des complices à bord d'un autre véhicule.

Ces derniers, munis d'armes automatiques, ont réussi à atteindre l'hôpital militaire et deux autres bâtiments de l'immense complexe, d'où s'est élevée une colonne de fumée noire après la forte déflagration.

L'attaque a fait au total 25 morts et des dizaines de blessés, selon un responsable des services de sécurité. Un frère du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, Ahmed, âgé de 90 ans et soigné dans cet hôpital, a survécu et a été transféré dans un autre établissement, selon la source médicale.

Le ministère de la Défense a assuré sur son site internet que l'armée avait repris le contrôle de la situation à l'intérieur du complexe, alors qu'une source de sécurité a affirmé que «le groupe des assaillants avait été anéanti».

La télévision d'État a souligné que les assaillants avaient profité de travaux à l'entrée du complexe pour lancer leur attaque.

Elle a montré des corps déchiquetés par les balles ou calcinés devant l'établissement hospitalier, un bâtiment blanc de trois étages, dont l'entrée est très endommagée, en précisant qu'il s'agissait de ceux des assaillants.

Sur les images, on pouvait également voir des carcasses de voitures et des salles de l'hôpital dévastées avec des flaques de sang au sol.

«Empêcher une solution politique»

Le président yéménite a tenu sur les lieux une réunion avec les hauts responsables des services de sécurité, à qui il a demandé d'ouvrir une enquête dont les résultats doivent être publiés sous 24 heures.

Ces derniers mois, le pays a connu une escalade des violences, en particulier contre l'armée.

La majorité des attaques sont attribuées au réseau extrémiste d'Al-Qaïda, qui reste particulièrement actif dans le sud et le sud-est du pays, bien qu'il ne les revendique que rarement.

La capitale yéménite n'a pas échappé à l'escalade. Le 26 novembre, un Bélarusse a été tué et un autre blessé en pleine rue par des hommes armés. Quatre jours plus tôt, un député représentant de la rébellion zaïdite chiite au dialogue national en cours avait été assassiné.

«Les terroristes responsables de ce crime haineux cherchent à ébranler la sécurité du Yémen (...) et à empêcher une solution politique» a estimé jeudi Abdellatif al-Azayani, secrétaire générale du Conseil de coopération du Golfe et médiateur lors de l'accord qui a mis fin à la révolte de 2011 au Yémen.

Le processus de transition politique est bloqué au Yémen, où un soulèvement populaire dans le cadre du Printemps arabe a abouti à un départ négocié de l'ancien président Ali Abdallah Saleh.

Le dialogue national, destiné à mettre fin à deux ans de transition politique et à donner au pays des institutions pérennes, est actuellement dans l'impasse.

Ce dialogue entre toutes les forces politiques devait s'achever le 18 septembre et déboucher sur l'élaboration d'une nouvelle Constitution pour permettre la tenue d'élections générales. Mais il se heurte à plusieurs obstacles, en particulier les demandes d'autonomie des Sudistes.

Les retards dans l'application de l'accord de transition pourraient désormais nécessiter le prolongement du mandat du président Mansour Hadi, élu en février 2012 pour une période de transition de deux ans.