Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan a estimé mardi devant le Conseil de sécurité que son plan de paix était «sans doute la dernière chance d'éviter la guerre civile» en Syrie, malgré les nombreux accrocs donnés au cessez-le-feu.

M. Annan, qui rendait compte à huis clos de sa médiation devant le Conseil par vidéoconférence, a averti que cette mission «n'était pas illimitée dans le temps».

«Ce plan reste l'unique chance restante de stabiliser le pays», a dit l'émissaire spécial lors d'une conférence de presse à Genève après son intervention avec New York, soulignant «l'inquiétude profonde que le pays ne s'enfonce dans une guerre civile complète». «Nous devons arrêter les tueries», a-t-il lancé.

L'émissaire spécial a indiqué que «l'activité militaire a légèrement diminué», mais qu'il «y a toujours de sérieuses violations» du cessez-le-feu mis en place le 12 avril. «Il y a des violations commises par les forces de l'ordre syriennes mais aussi des actes commis contre ces forces gouvernementales», a indiqué M. Annan.

«J'adresse un appel à tous ceux qui ont des armes, qu'ils pensent à la population, déposent les armes et viennent s'asseoir à la table avec nous», a exhorté l'ancien patron de l'ONU. «Il est très difficile de convaincre les parties en présence de déposer les armes», a-t-il reconnu.

Interrogé sur les élections législatives qui se sont tenues dimanche sur fond de violences, M. Annan a répondu que le gouvernement syrien devrait comprendre qu'il «faudrait peut-être de nouvelles élections». Selon lui, la consultation n'est pas celle qui est prévue dans son plan de paix, qui préconise un «dialogue» entre gouvernement et opposition.

Selon des diplomates qui ont suivi son intervention à New York, M. Annan a exprimé la crainte que les violations des droits de l'homme, les arrestations et les tortures «ne s'intensifient». Des personnalités connues pour être des partisans de la non-violence ont été arrêtées, a-t-il noté. Il a plaidé pour le lancement d'un dialogue politique entre pouvoir et opposition, qui fait partie des objectifs de son plan.

À Genève, M. Annan a indiqué qu'il espérait que les 300 observateurs de l'ONU seraient tous déployés d'ici la fin du mois. Ces observateurs, qui sont pour l'instant une soixantaine, «auront à ce moment-là un impact bien supérieur», a-t-il estimé.

M. Annan a l'intention de se rendre à Damas dans les prochains jours, a déclaré l'ambassadeur britannique à l'ONU, Mark Lyall Grant. La date de cette visite n'a pas été précisée. M. Annan s'était rendu une première et seule fois à Damas au début de sa mission.

De son côté, le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, qui intervenait lui aussi devant le Conseil, a noté une «réduction sensible» de l'utilisation des armes lourdes par les forces syriennes. Mais des opérations militaires plus discrètes continuent, ainsi que des vagues d'arrestations sur une grande échelle, a-t-il ajouté, toujours selon les diplomates.

Près de 12 000 personnes, en majorité des civils tués par l'armée, ont péri en Syrie depuis l'éclatement en mars 2011 de la révolte populaire contre le régime du président Bachar al-Assad, a affirmé mardi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Par ailleurs, depuis l'annonce du cessez-le-feu le 12 avril, 831 personnes, dont 589 civils, ont péri dans des violences, toujours selon l'OSDH.