La principale figure de l'opposition syrienne a conditionné lundi toute négociation avec les autorités à un départ du président Bachar al-Assad, au moment où les violences s'intensifiaient aux portes de Damas.

Alors que les violences ont fait lundi au moins 53 morts, dont 35 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les appels à une intervention de l'ONU se faisaient plus pressants avant la présentation officielle mardi devant le Conseil de sécurité du plan de sortie de crise défendu par la Ligue arabe.

Réagissant à l'annonce par Moscou de l'accord donné par les autorités syriennes à des négociations informelles avec l'opposition en Russie, le président du Conseil national syrien (CNS) Burhan Ghalioun a affirmé à l'AFP: «la démission d'Assad est une condition pour toute négociation sur la transition vers un gouvernement démocratique en Syrie».

«Si les Russes veulent une solution négociée à la situation dramatique dans le pays, ils doivent admettre qu'Assad doit partir car un assassin du peuple ne doit pas superviser une transition vers la démocratie», a-t-il ajouté, parlant au téléphone depuis New York.

Il s'est dit par ailleurs confiant que les discussions de mardi seront couronnées de «succès», exhortant les Russes à adopter une «position réaliste».

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, doit présenter mardi le plan de sortie de crise de l'organisation panarabe qui prévoit la fin des violences et le transfert des pouvoirs de M. Assad à son vice-président avant l'ouverture de négociations avec l'opposition.

«Les équilibres ont évolué au sein du Conseil de sécurité», ont déclaré des sources diplomatiques françaises. Selon elles, «au moins dix pays» sur les quinze que compte le Conseil pourraient désormais être en faveur de ce projet de résolution présenté par le Maroc au nom de la Ligue arabe, qui a suspendu samedi sa mission d'observation en dénonçant les violences.

Les chefs des diplomaties française et britannique, Alain Juppé et William Hague, participeront à cette réunion pour essayer de convaincre le Conseil de sécurité de soutenir le plan arabe.

La Russie, allié traditionnel de Damas, refuse de soutenir une résolution appuyant l'appel de la Ligue arabe pour un départ de Bachar al-Assad.

Moscou et Pékin avaient déjà mis leur veto en octobre à une précédente résolution dénonçant la répression sanglante de la révolte populaire en Syrie, qui a fait plusieurs milliers de morts depuis mars 2011, selon l'ONU.

Lundi, au moins 53 personnes, dont 35 civils, ont encore péri à travers le pays, selon l'OSDH.

À Homs (centre), 20 civils, dont une fillette et un médecin, ont été tués par les forces de sécurité et neuf autres dans des affrontements dans la province de Deraa (sud). Un civil a péri dans la région d'Idleb (nord-ouest) et cinq autres à Zamalka et Hamourié, dans la banlieue est de Damas.

Dans la province de Deraa, où de violents affrontements ont lieu entre l'armée et des soldats dissidents, six agents de sécurité ont été tués dans l'attaque de leur minibus par des déserteurs, selon l'OSDH. Deux militaires ont en outre trouvé la mort près de Saraqeb, dans la province d'Idleb.

Selon l'OSDH, 10 déserteurs ont été également tués: quatre à Deraa, deux à Homs, deux à Idleb et deux à Rankous, une ville assiégée depuis six jours à 40 km au nord de Damas.

Près de la frontière libanaise, à l'ouest, une attaque «terroriste» contre un gazoduc a provoqué une fuite d'environ 460 000 m3 de gaz, selon l'agence officielle Sana.

Les militants avaient annoncé dimanche une intensification des combats près de Damas en raison d'une offensive de l'armée à l'artillerie lourde.

Au nord-est de la capitale, la banlieue était en état de siège, selon un correspondant de l'AFP. Des soldats renforçaient leurs positions et se retranchaient derrière d'innombrables sacs de sable alors que d'autres, déployés à l'entrée des villes, contrôlaient les voitures et vérifiaient l'identité des passagers.

Plus loin, les impacts de tirs de mitrailleuses et d'obus sur la façade d'un bâtiment public témoignaient de l'intensité des récents combats.

Les déserteurs «se cachent le jour et attaquent la nuit», profitant des champs et des vergers aux alentours pour se déplacer, selon un habitant.

La Ligue syrienne des droits de l'Homme (LSDH) a en outre annoncé l'exécution la semaine dernière, par les services de renseignement, du fondateur de la première unité de ces dissidents, l'officier Hussein Harmouche.

Premier officier de l'armée syrienne à avoir annoncé sa défection en juin 2011 pour protester contre la répression, Hussein Harmouche avait réussi à gagner la Turquie où il avait fondé «la brigade des officiers libres», qui s'est par la suite unie à l'ASL.

Il était réapparu en septembre pour présenter des «aveux» à la télévision publique, de son propre gré selon ses dires, mais sous la pression des services de renseignement qui l'ont enlevé en Turquie puis emprisonné en Syrie selon des militants.