Les combattants d'Al-Qaïda ont accepté mardi, au terme d'une médiation tribale, d'évacuer Radah, une ville du centre du Yémen, qu'ils avaient conquise il y a plus d'une semaine, a annoncé à l'AFP une source militaire.

«Une médiation tribale conduite par cheikh Hached Fadhl al-Qawsi a réussi, au bout de trois jours de négociations, à convaincre les hommes armés d'Al-Qaïda d'évacuer Radah», a déclaré à l'AFP un haut responsable de la commission militaire chargée de la normalisation de situation sécuritaire au Yémen dans le cadre de l'accord de sortie de crise dans ce pays.

«Les hommes d'Al-Qaïda ont commencé à évacuer les bâtiments publics où ils s'étaient installés» après avoir pris la ville le 16 janvier, a ajouté le responsable qui a requis l'anonymat.

«Ils quittent les lieux sans résistance», a-t-il assuré, sans pour autant préciser ce que les insurgés auraient obtenu en échange de leur retrait.

Un dignitaire de la région, Ahmed Kalaz, a confirmé à l'AFP le retrait des islamistes, conduits par Tarek al-Dahab, un beau-frère de l'imam radical américano-yéménite Anwar Al-Aulaqi, tué le 30 septembre dans une frappe américaine au Yémen.

«Ils se sont repliés sur al-Manasah», à 30 km au sud-est de Radah, ville natale de Tarek al-Dahab et fief de sa famille, a ajouté M. Kalaz.

Des hommes armés des tribus ont pris le contrôle des bâtiments évacués, à l'exception du fort historique de la ville qui a été confiée à une unité de la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, a indiqué à l'AFP un autre dignitaire tribal, Ali Ben Ali al-Salahi.

Mais des partisans de la rébellion zaïdite chiite en armes se sont déployés dans plusieurs rues de la ville et des tirs étaient entendus tard dans la nuit, a indiqué à l'AFP cheikh Salahi.

Selon M. Salahi, les insurgés d'Al-Qaïda étaient au nombre de quelque 600 hommes au moment de leur retrait de Radah, dont les habitants sont de confessions sunnite ou chiite.

La commuanuté chiite est partisane de la rébellion zaïdite, conduite par Abdel Malak al-Houthi et active notamment dans la province de Saada, dans le nord du Yémen.

«Les médiateurs tribaux, notamment cheikh Hached Fadhl al-Qawsi et cheikh Abdel Karim al-Maqdachi, se sont engagés auprès des insurgés à oeuvrer auprès des autorités pour faire aboutir leurs revendications, notamment la libération de 15 de leurs partisans», des islamistes détenus sans procès, selon M. Kalaz.

Parmi ces 15 détenus figure Nabil al-Dahab, un frère du chef des insurgés, a-t-il précisé.

Le médiateur, cheikh Qawsi, s'est rendu avec Tarek al-Dahab à Manasah «apparemment pour servir de garant jusqu'à la libération des détenus», a indiqué cheikh Salahi.

Ce développement est intervenu au lendemain du déploiement de renforts militaires autour de Radah, décidé par le pouvoir central à Sanaa pour accentuer les pressions sur les combattants d'Al-Qaïda et les amener à accepter d'évacuer la ville, selon des habitants de la région.

A la faveur de l'affaiblissement du pouvoir central au Yémen depuis le début du soulèvement populaire contre le président Ali Abdallah Saleh il y a un an, Al-Qaïda a gagné du terrain dans ce pays.

Un millier de ses hommes avaient pris le 16 janvier Radah, dans la province de Bayda, à 130 km au sud-ouest de Sanaa, se rapprochant de la capitale après avoir conforté leur présence dans le sud et l'est du Yémen.