Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a indiqué samedi qu'il confierait le pays à l'armée s'il venait à quitter le pouvoir comme le lui demande l'opposition.

«Nous, à la présidence de la république, sommes disposés à faire des sacrifices pour la patrie. Mais vous serez toujours là même si nous quittons le pouvoir. Vous incarnez le pouvoir et vous êtes la soupape de sécurité» pour le pays, a dit M. Saleh à l'adresse des forces qui lui sont fidèles.

M. Saleh, cité par l'agence officielle Saba, s'est exprimé en inspectant une brigade de la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée dirigé par son fils, Ahmed, au cours de l'une de ses rares activités publiques depuis qu'il a été blessé dans une attaque le 3 juin contre son palais à Sanaa.

S'en prenant violemment aux militaires conduits par le général Ali Mohsen al-Ahmar, rallié en mars à la contestation du régime, M. Saleh a accusé ces dissidents d'implication dans l'attaque contre son palais.

«Ils doivent remettre au parquet les criminels impliqués dans les événements» du 3 juin, a-t-il dit, avant d'ajouter: «Qu'ils sachent que notre sang, nos martyrs et nos handicapés ne seront pas vains».

M. Saleh, contesté depuis janvier par la rue où il est accusé de corruption et de népotisme, était rentré fin septembre de Ryad où il avait été soigné des graves blessures subies dans l'attaque contre son palais.

Onze de ses gardes du corps ont été tués et 124 personnes blessées, dont un grand nombre de dignitaires, parmi lesquels le Premier ministre Ali Mohammed Moujawar, ainsi que le président du Parlement Abdelaziz Abdelghani, décédé ensuite.

Le verdict de «la justice sera douloureux», a averti le président Saleh, en affirmant que les forces qui lui sont fidèles avaient perdu plus de 2000 hommes, tués «injustement par les éléments haineux et traîtres (...) ces derniers mois».

Le parquet a été chargé vendredi par la présidence de la république de «parachever les mesures judiciaires» dans l'affaire de l'attaque de juin au moment où un émissaire de l'ONU tentait de favoriser une sortie de crise et une transition pacifique.