Le souverain de Bahreïn a répété qu'il était prêt au dialogue face à une opposition sceptique, et Washington, son puissant allié, l'a exhorté à cesser d'user de la violence contre les protestataires.

«La porte reste ouverte pour discuter de tous les sujets qui sont dans l'intérêt de tous les citoyens», a assuré le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa, après plus d'un mois de contestation, dans des déclarations publiées samedi.

La dépouille d'un manifestant tué dans des affrontements le 15 mars a été retrouvée samedi à la morgue de l'hôpital de Salmaniya, à Manama, selon sa famille. Au moins 16 personnes (BIEN: 16) -douze protestataires et quatre policiers- ont été tués depuis le début de la contestation du régime à la mi-février.

Les autorités de Bahreïn ont annoncé samedi une interdiction de naviguer la nuit dans les eaux territoriales le long de la côte de l'archipel qui fait face à l'Iran, un pays dont Washington et l'Arabie saoudite redoutent l'influence.

Dans sa déclaration, le roi Hamad, sur le trône depuis 2002, a ajouté : «je ne permettrai pas que s'arrête le processus de réformes que j'ai entamé dès que j'ai pris la conduite du pouvoir».

Le roi a demandé à son fils le Prince Salman d'entamer un dialogue national avec l'opposition, qui a refusé, exigeant en préalable la démission du premier ministre, oncle du roi, et en fonction depuis 1970.

L'opposition dominée par des chiites demande l'instauration d'une monarchie constitutionnelle avec la mise en place d'un gouvernement choisi par les élus, dans ce pays où règne la dynastie sunnite des Al-Khalifa depuis 230 ans.

Le petit royaume qui accueille la Vème flotte américaine compte 1,2 million d'habitants dont la moitié sont étrangers, et les chiites sont majoritaires dans la population autochtone.

Cette semaine, la police a chassé de la place de la Perle, au centre de Manama, les protestataires qui y campaient depuis la mi-février, et vendredi les autorités ont rasé le monument de béton qui avait été leur point de ralliement.

En outre, six figures de l'opposition radicale, cinq chiites et un sunnite, ont été arrêtées et les États-Unis ont fait connaître leur «inquiétude» à ce sujet.

«Nous appelons le gouvernement à veiller à la sécurité de tous les détenus et à respecter ses engagements en matière de transparence judiciaire», a indiqué un porte-parole du Département d'État Mark Toner.

Il a notamment cité le cas d'Ibrahim Chérif, un responsable d'une formation d'opposition autorisée, le Waad, et du Dr Ali al Ekri, un médecin qui avait critiqué les conditions d'accueil des blessés à l'hôpital de Salmaniya à Manama.

Il a également appelé les autorités bahreïnies à faire preuve de la plus grande retenue et aux forces de l'ordre à mettre un terme aux violences en particulier contre les personnels médicaux.

Les autorités ont notamment arrêté Hassan Machaimaa, secrétaire général du Haq, un mouvement chiite interdit, le militant Abdeljalil al-Singace, souffrant d'une paralysie des jambes, et Abdelwahab Hussein, chef du Wafa, un petit groupe chiite radical.

Les mouvements Haq et Wafa avaient appelé le 9 mars à l'instauration d'une «République démocratique» à Bahreïn, alors que le plus grand parti de l'opposition chiite, le Wefaq, réclame uniquement des réformes et n'a jamais appelé au renversement de la monarchie.

L'interdiction de naviguer annoncée samedi concerne tous les bateaux venant de l'archipel ou s'en approchant dans les eaux territoriales du nord et de l'est.

La mesure s'applique de 17h00 heure locale (10h00 à Montréal) jusqu'à 06h00 (23h00 à Montréal), et la Force de défense de Bahreïn a averti que toute embarcation ne respectant pas ce blocus serait poursuivie et interceptée.