Des civils armés ont attaqué des centaines de manifestants égyptiens rassemblés dimanche devant le siège de la Sécurité d'État au Caire, alors que l'armée a tiré des coups de semonce pour tenter de disperser la foule, ont rapporté des témoins.    

Un responsable des services de sécurité a confirmé que des hommes en civil avaient attaqué la foule rassemblée devant le bâtiment dans le quartier cairote de Lazoghly.

Environ 500 manifestants tentaient de pénétrer de force dans le siège de cette puissante institution dépendant du ministère de l'Intérieur. Ils ont été attaqués à coups de couteaux et de pierres par des hommes en civil, ont rapporté plusieurs témoins à l'AFP.

«Les manifestants ont été attaqués par ces voyous, qui sont envoyés à toutes les manifestations. Ils avaient de grands couteaux et lançaient des pierres en direction des manifestants», a rapporté un témoin.

L'armée a tenté de disperser la foule à coups de bâtons, tirant plusieurs coups de semonce en l'air, ce qui a forcé les manifestants à se réfugier dans les rues voisines, a-t-il ajouté.

Ces derniers «sont maintenant très remontés et se dirigent vers la place Tahrir», qui fut l'épicentre du soulèvement égyptien ayant abouti au départ du président Hosni Moubarak en février.

L'armée égyptienne a appelé dimanche dans un communiqué les citoyens à lui remettre les documents pris à la sécurité d'Etat, dont des bâtiments ont été pris d'assaut à travers le pays par des militants voulant empêcher que les dossiers soient détruits.

Samedi, des bâtiments de la sécurité d'État avaient été pris d'assaut à travers l'Egypte par des militants à la recherche des dossiers établis sur la population et d'éventuelles preuves d'abus commis par ce puissant appareil dont ils exigent la dissolution.

Selon un responsable des services de sécurité, près de 100 000 personnes travaillent à la sécurité d'Etat, sans compter les informateurs.

Ces heurts interviennent le jour de la nomination d'un nouveau ministre de l'Intérieur, Mansour al-Issaoui.

Le précédent ministre de l'Intérieur, Mahmoud Wagdi, avait été nommé par M. Moubarak une dizaine de jours avant sa démission sous la pression populaire, en remplacement du très impopulaire Habib el-Adli dont le procès pour malversations financières a commencé samedi, le premier d'un ex-responsable de l'ancien régime.

Vendredi, entourant le nouveau Premier ministre Essam Charaf, les manifestants de l'emblématique place Tahrir au Caire avaient scandé «Le peuple veut la fin de la sécurité d'Etat».

«Je prie pour que l'Egypte soit un pays libre et que ses services de sécurité soient au service des citoyens», avait répondu M. Charaf, nommé jeudi.

La colère contre les abus quotidiens et la torture par la police ont été l'un des éléments déclencheurs le 25 janvier des manifestations sans précédent contre le régime de M. Moubarak, qui était au pouvoir depuis près de 30 ans.