Devant la flambée de violence, le gouvernement canadien a décidé de fermer son ambassade de Tripoli, en Libye. Le personnel diplomatique, dont l'ambassadeur, a été évacué dans la nuit de vendredi à samedi à bord d'un avion militaire, qui s'est posé à l'aéroport de Tripoli sans l'autorisation des autorités libyennes.

L'appareil C-17 a quitté la Libye avec 46 personnes à son bord, dont 24 Canadiens (6 représentants consulaires et 18 ressortissants). Des Britanniques et des Australiens ont également pris place dans l'avion qui a atterri samedi matin sur l'île de Malte où il demeurera pour des vols futurs. Paris, Londres et Washington ont également suspendu les activités de leur ambassade en Libye.

L'opération d'évacuation des ressortissants lancée par le gouvernement canadien il y a quelques jours a fait l'objet de nombreuses critiques. Dans la nuit de vendredi à samedi, un second avion civil nolisé par le Canada a quitté Tripoli bredouille. Comme ce fut le cas la veille, aucun Canadien ne se trouvait à l'aéroport. Lors d'une séance d'information tenue samedi matin, le porte-parole du premier ministre Stephen Harper, Dimitri Soudas, a refusé d'attribuer cet échec à un manque d'organisation. «Cela témoigne plutôt du succès qui a été accompli dans l'organisation, avec nos partenaires, du transport des Canadiens pendant le jour», a-t-il déclaré. Pour des raisons de sécurité, le ministère des Affaires étrangères déconseille aux Canadiens de se rendre à l'aéroport de Tripoli la nuit. «Une planification prudente a motivé la décision du gouvernement de faire appel à des vols qui pourraient être superflus au cas où des Canadiens auraient été coincés à l'aéroport de Tripoli pendant la nuit dans un environnement très menaçant, a expliqué Dimitri Soudas. En fin de compte, ça n'a pas été nécessaire.»

Selon un nouveau bilan, il resterait près de 200 Canadiens en Libye, mais seulement la moitié d'entre eux auraient manifesté le désir de quitter le pays qui s'enfonce de plus en plus dans la violence. À Tripoli, des témoins rapportent que le gouvernement arme des civils pour semer la terreur.

Jusqu'à maintenant, 207 Canadiens ont été évacués. Des membres du personnel diplomatique demeureront à Malte pour aider les citoyens qui arriveront sur l'île en provenance de la Libye.

Le ministère des Affaires étrangères demeurera en contact avec les ressortissants canadiens qui souhaitent quitter le pays par téléphone et par le biais de son site internet. Sur son site, le ministère avise toutefois les ressortissants canadiens, qu'«étant donné le caractère imprévisible de la situation en matière de sécurité, ainsi que les conditions qui empirent», qu'aucun autre vol d'évacuation n'est prévu pour l'instant. «Le vol de ce matin était le dernier vol prévu, mais il y en aura d'autres, assure Dimitri Soudas. L'avion C-17 demeurera à Malte. Nous continuerons aussi de coordonner notre plan d'évacuation avec nos alliés.»

Sanctions contre Kadhafi

Le premier ministre du Canada Stephen Harper a déclaré vendredi soir que son gouvernement soutient l'imposition de sanctions envers le régime de Mouammar Kadhafi. Il a dit appuyer les mesures envisagées par le Conseil de sécurité de l'ONU dont les membres se sont réunis samedi pour une deuxième journée consécutive. Les sanctions envisagées vont d'un embargo sur les armes à un gel des avoirs de Mouammar Kadhafi, de sa famille et des principaux membres de son régime.  Stephen Harper a d'ailleurs discuté de ces sanctions avec le premier ministre français, François Fillon, samedi matin.

Le Canada pourrait également adopter des mesures disciplinaires supplémentaires. Selon Dimitri Soudas, le Canada pourrait forcer les entreprises canadiennes présentes en Libye, notamment Suncor Energy et SNC-Lavalin, à cesser leurs activités dans ce pays.

Le Canada demande également que la Libye soit suspendue immédiatement du Conseil des droits de l'homme des Nations unies et que le Conseil de sécurité renvoie la situation devant la Cour pénale internationale. Stephen Harper a qualifié la conduite de Mouammar Kadhafi «d'effroyable» et a ajouté que celui-ci devrait répondre de ses actes. Les violents affrontements qui secouent présentement ce pays d'Afrique du Nord auraient fait entre 300 et plus de 1000 morts, selon l'AFP.

À Montréal, les membres de la communauté libyenne se sont à nouveau réunis samedi après-midi, au centre-ville, pour protester contre la violence commise par le régime de Kadhafi à l'endroit de la population. La marche a débuté à 14h30, au Square Dorchester.

Avec Associated Press et Agence France-Presse