La contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh s'est étendue lundi au nord chiite du Yémen, tandis que des dizaines de milliers de personnes organisaient un sit-in dans la capitale Sanaa et qu'un manifestant était tué par la police à Aden, dans le sud.

«Des dizaines de milliers de personnes ont participé à une marche à Saada pour demander la chute du régime à l'appel du (chef de la rébellion zaïdite) Abdel Malek al-Houthi et du Forum commun,» l'opposition parlementaire, a indiqué à l'AFP l'un des organisateurs.

Selon lui, les manifestants ont proclamé, durant la marche, leur soutien aux protestataires qui ne cessent de manifester à Sanaa, Aden et dans d'autres villes yéménites depuis le 16 février pour réclamer la chute du régime.

La rébellion chiite zaïdite avait proclamé, dans un communiqué publié samedi, son soutien aux mouvements de protestation à travers le pays demandant des réformes radicales et le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

En février, forces gouvernementales et rebelles chiites avaient signé un cessez-le-feu dans le nord du Yémen, après la dégradation de la situation à la frontière avec l'Arabie saoudite, faisant craindre l'explosion de ce conflit régional. La reprise des combats en août 2009 dans ce conflit récurrent depuis 2004 avait provoqué un exode massif de la région de Saada, bastion de la rébellion contre Sanaa.

Dans la capitale, des milliers de personnes ont entamé un sit-in pour exiger le départ du président Saleh qui a affirmé qu'il ne partirait «que par les urnes». Ils ont été rejoints par une douzaine de députés de l'opposition.

«Le peuple veut le changement», «dehors» ou «le peuple veut la chute du régime», proclamaient des banderoles accrochées par les manifestants. Certains ont dressé des tentes avec l'intention de passer la nuit sur place.

«Les étudiants ne partiront pas avant que le président ne s'en aille ou qu'ils tombent mort», a assuré l'un des manifestants, Mouammar al-Haidari.

Pour leur part, les ulémas du Yémen ont prohibé le recours à la force contre les manifestants, dans un communiqué publié après une réunion extraordinaire.

Ce sit-in intervient au lendemain de la décision de l'opposition parlementaire de se joindre à la contestation jusque là menée essentiellement par des étudiants.

Les forces de sécurité ont érigé des postes de contrôle aux accès de la place mais n'ont pas tenté de disperser les manifestants.

Les manifestations, qui se déroulent quotidiennement à Sanaa depuis une dizaine de jours, ont été violemment réprimées par des partisans du pouvoir armés de gourdins, de pierres et d'armes blanches.

Dimanche, pour la première fois, les manifestants n'avaient pas été inquiétés par les partisans du pouvoir, tenus à l'écart par la police.

Un mort

À Aden en revanche, la police a continué à tirer sur les manifestants, faisant un nouveau mort lundi à l'aube, selon des sources médicales.

Ce décès porte à douze le nombre de manifestants tués dans la principale ville du sud du Yémen depuis le début le 16 février de manifestations quotidiennes tournant à l'émeute, selon un bilan établi par l'AFP.

La protestation touche également d'autres villes yéménites.

À Hodeïda, ville portuaire de l'ouest sur le mer Rouge, trois manifestants ont été blessés lors de heurts avec des partisans du régime, selon des témoins.

À Taez, au sud de Sanaa, les manifestations se sont poursuivies pour la onzième journée consécutive. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées sur une place proche du siège de la municipalité où ils ont dressé des tentes pour passer la nuit.