Le président  Barack Obama a déclaré dimanche que l'Égypte ne reviendrait pas à l'état qui prévalait avant le soulèvement populaire et a minimisé la place des Frères musulmans au sein d'un nouveau gouvernement.

M. Obama a précisé qu'il n'y avait pas que deux options, soit celle des Frères musulmans ou celle de l'oppression du peuple égyptien.

Malgré tout, le président a admis que les Frères musulmans, un groupe politique et religieux interdit en Égypte, est bien organisé, et qu'«il y a certains aspects de leur idéologie qui sont anti-américains».

Le président Obama garde toutefois confiance qu'un gouvernement avec lequel les États-Unis pourrait traiter peut émerger «si l'Égypte va de l'avant avec un processus de transition ordonné».

Barack Obama, s'exprimant sur les ondes de la chaîne de télévision Fox avant la diffusion du match du SuperBowl, n'a pas voulu s'avancer sur les intentions du président égyptien.

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a indiqué dimanche que pousser rapidement Moubarak vers la sortie pourrait compliquer les défis déjà importants auxquels fait face l'Égypte pour passer d'une autocratie à une démocratie.

En fait, a ajouté Mme Clinton, le départ de Moubarak pourrait avoir un impact sur «des gestes significatifs» qu'il a lui-même posés pour entamer le processus de réforme. Elle a indiqué qu'il devait recevoir de la reconnaissance pour ces étapes, même si elles ne correspondent pas à ce que les protestataires demandent, et ne mèneront pas à des élections justes et équitables.

De retour à Washington après une conférence internationale sur la sécurité tenue à Munich, en Allemagne, Mme Clinton a déclaré que l'administration Obama était désormais plus disposée à encourager «une transition ordonnée» en Égypte, plutôt que de voir Moubarak partir rapidement. Elle a également laissé entendre que la présence continue de Moubarak à la tête de l'État, bien que modérée, pourrait en fait faciliter le processus.

Mme Clinton a indiqué que si le président égyptien démissionnait, la constitution du pays exigerait que des élections soient tenues dans les 60 jours, un délai que même les opposants à Moubarak ont qualifié d'insuffisant pour organiser un scrutin crédible. En s'exprimant de la sorte, Mme Clinton est devenue la première responsable américaine à reconnaître publiquement les conséquences du départ immédiat de Moubarak sur des bases constitutionnelles.

Frank Wisner, l'ex-diplomate américain qu'Obama a envoyé au Caire la semaine dernière pour évincer Moubarak, a attiré l'attention sur le dilemme constitutionnel, samedi, auprès des participants de la conférence de Munich en affirmant que le président actuel était «absolument essentiel» au processus de réforme.

Ce commentaire a renforcé l'opinion, au Caire et ailleurs dans le monde, que Washington avait abandonné les protestataires en faveur de la vieille garde bien installée sur laquelle les États-Unis se sont appuyés depuis 30 ans.

La Maison-Blanche s'est toutefois dissociée des propos de Frank Wisner en précisant qu'il s'agissait de l'avis d'un simple citoyen et non d'un représentant officiel.