Les soldats français et tchadiens tentaient dimanche de venir à bout des combattants islamistes retranchés dans les massifs montagneux du nord-est du Mali, auxquels ils infligent désormais de lourdes pertes lors de violents combats à «très courte distance».

Soutenus par des avions et des hélicoptères de combat qui préparent l'intervention des forces terrestres, les militaires français et tchadiens traquent les jihadistes dans des grottes et des cavernes dans des vallées difficiles d'accès.

C'est dans cette zone, dans la vallée d'Ametettai, qui semble être l'épicentre des combats, qu'un parachutiste français de 26 ans a été tué samedi, alors qu'il « montait à l'assaut d'une position ennemie avec sa section », a indiqué le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard.

Dans cette même vallée d'Ametettai, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit, dans l'adrar des Ifoghas, les forces tchadiennes ont affirmé avoir tué samedi le chef islamiste Mokhtar Belmokhtar, un ex-dirigeant d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), et plusieurs djihadistes. Une information non confirmée par Paris, où l'on gardait la plus grande réserve à ce sujet.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a appelé à la « prudence », dans une interview à paraître lundi dans le journal La Dépêche du Midi.

« J'en appelle à la prudence et à l'esprit de responsabilité à l'égard d'indications que nous ne sommes pas en mesure de confirmer matériellement à ce stade », a déclaré M. Le Drian qui ajoute: « La priorité, c'est de saper les bases des terroristes, leur organisation, leurs moyens ».

Un périmètre d'environ 25 km2

L'armée tchadienne a annoncé samedi avoir tué Mokhtar Belmokhtar dans le nord du Mali, après avoir affirmé vendredi avoir tué l'un des principaux chefs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelhamid Abou Zeid, autre information non confirmée par la France.

Les opérations en cours depuis la mi-février dans la région « ne s'intensifient pas, elles se poursuivent », a souligné le colonel Burkhard au cours d'un point de presse, dimanche. Et elles font désormais d'importants dégâts dans les rangs des islamistes.

« Nous avons face à nous un adversaire fanatisé qui défend fermement des positions sur lesquelles nous sommes obligés de donner l'assaut pour les fouiller et les réduire », explique-t-il : « Il faut fouiller méthodiquement la zone ».

L'un des objectifs est d'empêcher les djihadistes de s'exfiltrer d'un périmètre d'environ 25 km2 au sud-est de Tessalit, qui « certes se réduit » peu à peu, « mais représente quand même une superficie relativement importante ».

Les soldats français et tchadiens explorent des cavités et des galeries pour « localiser et détruire » les djihadistes. Et trois « importantes caches de munitions » et plusieurs armes lourdes ont été découvertes samedi par les Français.

Selon le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 3e militaire français tué au Mali depuis le 11 janvier est tombé lors de « l'un des combats les plus violents » dans lesquels les Français ont été engagés.

Au moins « une quinzaine de terroristes » ont, selon l'état-major français, été tués le même jour dans l'adrar des Ifoghas. Une quarantaine d'autres avaient déjà péri les jours précédents lors d'accrochages dans la même zone.

Les 1200 Français sur le terrain - Forces spéciales, unités parachutistes, légionnaires - coordonnent leur action avec quelque 800 Tchadiens.

« Les combattants tchadiens connaissent bien ce type de relief et ont une mobilité, une rusticité tout à fait adaptée. Ils se battent avec des méthodes assez comparables à celles employées par les paramilitaires des groupes jihadistes », note Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense.

Dans les montagnes du nord-est, les forces françaises tentent de s'appuyer sur les populations locales, généralement hostiles aux djihadistes, et des soldats maliens, essentiellement d'origine touarègue, leur servent de guides.

La violence des combats dans la région fait peser la menace de représailles contre les otages français au Sahel, dont au moins quatre pourraient être détenus dans la zone du nord-est théâtre des combats. Leur sécurité est selon l'état-major « une préoccupation permanente » dans la conduite les opérations.