Les islamistes ont contrôlé Diabali, ville située à 400 km de Bamako, pendant une semaine. Grâce au soutien français, ils ont été chassés par l'armée malienne au début de la semaine. La population s'apprête néanmoins à faire son «ménage», nous raconte notre collaborateur.

À l'entrée de Diabali, un char d'assaut calciné rappelle qu'il y a eu ici de violents combats. Les quatre cadavres de militaires maliens qui s'y trouvaient ont été enterrés tout près.

Diabali, c'est le bout du monde: 35 000 habitants à l'extrémité d'une route poussiéreuse, une ville entourée de marais et de rizières. Mais c'est aussi un point stratégique pour entrer dans le sud du pays.

Le 14 janvier, les islamistes ont attaqué Diabali. Une centaine de rebelles en pick-up sont descendus et ont facilement neutralisé une dizaine de militaires qui surveillaient la ville. Les armées malienne et française l'ont reprise lundi dernier.

Diakaridia Doumbia, militaire à la retraite, estime que sans les Français, les islamistes contrôleraient toujours la ville. «Ils étaient mieux formés que l'armée malienne.»

«La population ne les a pas acceptés», affirme le maire de Diabali, Oumar Diakité. Les rebelles ont offert des compensations pour les destructions et des bonbons aux enfants. Mais les habitants n'ont pas été dupes, souligne-t-il.

«Ils disaient qu'ils étaient contre le gouvernement, pas contre nous. On ne les croyait pas. On a vu dans le Nord. Ils adoucissent puis appliquent la charia», rajoute Bakary Traoré, enseignant à la retraite.

L'armée française a quitté Diabali hier pour avancer vers Tombouctou. Mais dans la ville, le calme n'est pas entièrement revenu.

Les habitants ont reconnu à la tête des islamistes deux militaires de haut rang qui ont passé quelques années à Diabali: les colonels Ousmane Haidara et Habi Ag Al Salat. Les deux Touareg ont déserté l'armée et se sont joints au groupe islamiste Ansar Dine. Pour le militaire à la retraite Diakaridia Doumbia, le jugement est sévère: «Ce sont des traîtres.»

Comme plusieurs habitants, il croit que les islamistes avaient quelques informateurs dans la ville. «Dans la ville, tout se sait. Tous se connaissent. Ils ne s'en tireront pas. Je vais les dénoncer quand tout sera stabilisé.» Mais son fils, quant à lui, veut plutôt leur régler leur compte.

Le maire dit ne pas craindre que ce désir de revanche se transforme en nettoyage ethnique. «Ce n'est pas une affaire de race. La première personne tuée à Diabali par les islamistes, c'était un Touareg. Au Mali, tout le monde a un parent d'une autre ethnie, y compris des Touareg», affirme Oumar Diakité.