L'un des trois groupes islamistes armés qui occupent le Nord du Mali, Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), s'est scindé en deux, une partie de ses membres appelant jeudi à une «solution pacifique», au quatorzième jour de l'intervention militaire française au Mali.

Cette annonce intervient alors que des organisations de défense des droits de l'homme ont demandé l'ouverture d'une enquête sur des accusations d'exactions commises par les troupes maliennes, particulièrement à l'encontre des communautés arabe et touareg, majoritaires au sein des groupes islamistes armés.

Ces groupes, qui contrôlent depuis plus de neuf mois le Nord du Mali, ont affiché pour la première fois jeudi leurs divisions depuis le début de l'intervention de Paris.

Le nouveau groupe s'intitule Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), l'Azawad étant le nom que les Touaregs donnent au Nord du Mali, en proie à des tensions indépendantistes depuis des années.

«Le MIA affirme de la manière la plus solennelle qu'il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d'extrémisme et de terrorisme et s'engage à les combattre», affirme-t-il dans un communiqué reçu par l'AFP.

«Composé exclusivement de nationaux (maliens), le MIA réaffirme son indépendance et sa volonté d'aller vers une solution pacifique» à la crise au Mali, ajoute-t-il. Le nouveau groupe dit «occuper» la région de Kidal, à plus de 1500 km au nord-est de Bamako, près la frontière nigérienne.

Le MIA demande à Bamako et à Paris un «arrêt des hostilités» pour entamer un «dialogue politique inclusif», après le début le 11 janvier de l'intervention militaire française au Mali pour aider l'armée malienne à reconquérir le nord du pays, devenu en 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda et où ils ont commis de nombreuses exactions au nom de la charia (loi islamique).

«Aile modérée» d'Ansar Dine

Ce nouveau mouvement, dont le secrétaire général Alghabasse Ag Intalla est issu d'une des grandes familles touarègues de la région de Kidal, ancien négociateur pour Ansar Dine lors de la médiation burkinabée fin 2012, dit être issu de «l'aile modérée» d'Ansar Dine, groupe dirigé par un ex-rebelle touareg malien, Iyad Ag Ghaly.

Depuis des mois, des médiateurs ouest-africains et algériens tentaient de dissocier Ansar Dine des deux autres groupes islamistes armés présents dans le Nord du Mali, en grande partie composés d'étrangers : Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO).

Sur le terrain, ces trois groupes sont pilonnés depuis 14 jours par les frappes aériennes françaises. Soldats français et maliens ont repris ces derniers jours les villes de Diabali (ouest), Konna et Douentza (centre) des mains des groupes islamistes armés.

Mais les informations faisant état d'exactions commises par l'armée malienne se multiplient. Selon la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), qui accuse des soldats maliens d'avoir perpétré «une série d'exécutions sommaires», au moins 11 personnes ont été tuées à Sévaré (650 km au nord-est de Bamako).

L'ONG Human Rights Watch, qui a réclamé l'envoi d'observateurs de l'ONU, a dit enquêter sur des «allégations d'exactions graves impliquant des membres de l'armée malienne».

«L'armée doit être irréprochable et il ne saurait être question pour nous de cautionner des actes que nous reprochons aux terroristes», a réagi le gouvernement malien mercredi soir.

Plus de 2300 soldats français de l'opération Serval, qui sera commandée par le général Grégoire de Saint-Quentin, sont déjà au Mali.

Des soldats de la force africaine, dont le déploiement a été approuvé par l'ONU, ont commencé mercredi à se diriger vers le centre du pays.

«Cent soixante soldats du Burkina Faso sont arrivés à Markalla (270 km au nord de Bamako), pour prendre la relève des Français. Ils pourront ensuite aller à Diabali», reprise lundi par une colonne franco-malienne aux groupes islamistes armés, selon une source au ministère malien de la Défense, qui souligne : «Après les Français, les Africains sont sur le terrain».

Au Niger, un important convoi de soldats tchadiens est arrivé jeudi matin à Niamey. Quelque 400 soldats tchadiens, sur les 2000 promis par N'Djamena, sont déjà stationnés au côté d'un bataillon de 500 Nigériens à Ouallam, dans une région frontalière du Mali.

Les soldats nigériens et tchadiens doivent se diriger, à une date non précisée, vers Gao, une des principales villes du Nord du Mali, où les Français ont bombardé plusieurs positions islamistes, et qui se trouve à trois heures de route de Niamey.