Quelque 400 personnes se sont rassemblées au consulat général de France à Montréal, samedi soir, pour commémorer l'attentat à Nice qui a tué 84 personnes et fait plus de 200 blessés.

Henry Desbiolles, 68 ans, agrippait main après main en guise de soutien, trimbalant avec lui une bougie allumée sur l'appuie-bras de son fauteuil roulant.

«J'ai pleuré (tour à tour) en compagnie de plusieurs personnes que je ne connais pas et ça m'a fait extrêmement chaud au coeur», a-t-il dit, alors que c'était la troisième fois en un an et demi qu'il se présentait en face du consulat pour ce genre de cérémonie.

C'est plutôt dans la solitude que l'homme originaire de Haute-Savoie a fondu en larmes en prenant connaissance des événements de jeudi soir, en direct, à la télévision. Samedi soir, il se demandait déjà quand serait «la prochaine fois», peinant à être optimiste pour l'avenir.

Avant même le début du rassemblement, au moins une dizaine de chandelles étaient disposées en face de l'édifice du consulat général, avec des bouquets de fleurs, des oursons en peluche et des drapeaux de la France. La foule a plus tard tenu une minute de silence avant d'entonner «La Marseillaise».

«Ce qui est d'autant plus triste, c'est que des enfants qui venaient d'aller voir des feux d'artifice se sont fait faucher de cette manière. C'est absolument terrible», a laissé tomber la ministre des Relations internationales du Québec, Christine St-Pierre, qui s'est dite frappée par l'incompréhension des personnes qui lui ont raconté leur souffrance depuis jeudi.

Vanessa Franco, la Niçoise d'origine qui a organisé l'événement, a dit souhaiter, en début de soirée, que «la solidarité et la fraternité» ressortent. Celle qui est installée au Québec depuis cinq ans, visiblement ébranlée, a estimé que la France avait déjà vécu «trop de deuils» et que c'était devenu «malheureusement» une habitude.

Plusieurs intervenants ont souligné l'importance, malgré le choc, de diffuser un message d'inclusion.

«Il faut apprendre à vivre ensemble et qu'on arrête de créer des rapports de force et qu'on inclue dans la société la différence de tout être humain. Quelle que soit leur couleur ou leur condition physique, comme moi qui suis une personne handicapée», a fait valoir M. Desbiolles.

Des propos qui ont trouvé écho, notamment, dans le discours du maire de Montréal, Denis Coderre. «Le vivre ensemble prend tout son sens, a-t-il dit. N'oublions pas qu'il y a aussi des Algériens, des Tunisiens et des musulmans qui sont morts à Nice.»

Il a ajouté que la devise de la France, «Liberté, Égalité, Fraternité», représentait «des valeurs universelles que nous devons préserver».

Plusieurs  autres personnalités politiques étaient présentes dès le début du rassemblement, dont les députés péquistes Véronique Hivon, Martine Ouellet et Jean-François Lisée.

Si les messages de paix et de solidarité dominaient, la réflexion quant aux questions de sécurité a été évoquée par plusieurs. Christine St-Pierre a notamment mentionné en entrevue que les mesures devraient être renforcées, ajoutant qu'elle se rappelait des lendemains du 11 septembre 2001, lorsqu'elle habitait à Washington.

«Il ne faut pas s'empêcher de sortir, sinon les terroristes gagneraient dans leur quête de semer la terreur», a-t-elle dit.

Vendredi, au lendemain de l'attentat à Nice, plusieurs personnes s'étaient spontanément rendues au consulat, à Montréal, pour déposer des fleurs et des oursons en peluche.

Plus tôt samedi, des centaines de personnes avaient participé à un rassemblement à Québec afin de démontrer leur solidarité avec la France. La ministre St-Pierre et le maire de Québec, Régis Labeaume, ont participé à cette manifestation devant le consulat général de France. Le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, et le député conservateur de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis, Steven Blaney, étaient aussi présents.

Les drapeaux du Québec et de la France sont en berne sur l'édifice du parlement à Québec. À Montréal, la tour du stade olympique était de nouveau illuminée aux couleurs du drapeau français samedi soir, pour la deuxième soirée consécutive.