Les mineurs, bloqués à 700 mètres sous terre dans le désert chilien d'Atacama sans espoir d'être secourus rapidement, sont «fatigués» et «en colère», ont indiqué dimanche leurs proches, un mois jour pour jour après le début de leur calvaire.

«Hier (samedi) ils étaient en colère, car la fatigue commence à se faire sentir. Cela fait déjà beaucoup de jours», a déclaré à l'AFP Alejandro, frère du mineur Victor Zamora.

Les «33», pris au piège par un éboulement le 5 août et repérés seulement 17 jours plus tard par les équipes de secours, ont déjà battu un triste record pour ce type d'accident, détenu par des mineurs chinois qui étaient restés bloqués au fond d'une mine pendant 25 jours, en 2009.

Et ils devront passer encore deux ou trois mois en isolement, car le puits de secours pour les remonter à la surface ne sera pas prêt avant fin novembre ou début décembre, selon les autorités chiliennes.

Victor Zamora se plaint notamment que le gouvernement «n'envoie pas les lettres» de leurs proches, selon son frère.

«Il y a des problèmes d'espace, ce n'est pas un bureau de poste (...) La communication est destinée à soutenir les tâches de secours, ce n'est pas une fin en soi. Des familles nous ont donné des paquets de 40 lettres», a justifié le psychologue en chef Alberto Iturra, cherchant à dédramatiser.

«Les mineurs vont assez bien pour des gens qui ont passé un mois enfermés», a-t-il encore déclaré à l'AFP, jugeant normal que «commencent à apparaître des conflits quand les groupes et les leaderships commencent à se consolider».

D'autres mineurs ont toutefois étalé leur lassitude lors de la première visioconférence réalisée samedi avec leurs familles.

«Mon frère n'a pas voulu parler. Il est en colère», a témoigné Veronica Ticona, soeur d'Ariel Ticona.

«Il était en larmes et montrait le chapelet que leur a envoyé le pape», a déclaré Nelida Villalba, mère de Pablo Rojas, en référence aux 33 chapelets bénis par Benoît XVI envoyés récemment par le Vatican à chacun des mineurs.

Pour marquer le premier mois de leur calvaire dimanche, leurs proches ont klaxonné et chanté «Allez, allez les mineurs, ce soir, nous allons vous sortir de là...» à l'heure exacte à laquelle s'est produit l'éboulement qui a pris au piège les 33 miraculés de San José le 5 août.

Les familles ont ensuite grimpé en haut d'une colline avec le ministre des Mines Laurence Golborne pour planter 32 drapeaux chiliens et un drapeau bolivien en hommage aux 33 mineurs, parmi lesquels se trouve un Bolivien.

Certains proches des mineurs ont fondu en larmes et d'autres se sont énervés contre des photographes trop pressants.

Les mineurs chiliens sont devenus des héros planétaires. Ils ont dialogué avec leur chef de l'tat, reçu des chapelets Ébénis par le pape, un chèque de 10 000 dollars d'un mécène, des maillots dédicacés de l'équipe nationale de football et leurs visages ont fait le tour du monde.

Ils ont inspiré des chansons, et un film est en production sur le site de la mine, où la première excavatrice chargée de percer un puits de secours a progressé de 42 mètres de lundi à samedi.

Une deuxième machine devait commencer dimanche à élargir un conduit d'approvisionnement pour faire passer des objets plus larges aux mineurs. Ultérieurement, cette voie pourrait constituer un «plan B».

Un «plan C» est aussi à l'étude avec le percement d'un nouveau puits dans deux semaines à l'aide d'une foreuse pétrolière.