Après l'affaire des espions russes, qui a ravivé le souvenir de la guerre froide, «l'enlèvement» d'un physicien nucléaire iranien plonge Washington dans un nouveau mystère digne d'un roman d'espionnage.

Disparu depuis plus d'un an, Shahram Amiri est réapparu hier à la section des intérêts iraniens de l'ambassade du Pakistan à Washington, d'où il a déclaré par téléphone à la télévision d'État iranienne avoir été «sous une pression psychologique importante et gardé par des hommes armés».

Selon Téhéran, Amiri, 32 ans, aurait été enlevé par les États-Unis avec l'aide des services de renseignements d'Arabie Saoudite, où il se trouvait en pèlerinage en juin 2009. Le scientifique, décrit par les médias iraniens comme un «chercheur en radio-isotopes médicaux» dans une université dépendant des Gardiens de la révolution, aurait ensuite été transféré aux États-Unis par la CIA.

De son «refuge» de l'ambassade du Pakistan, Amiri a émis l'espoir de «pouvoir rentrer le plus rapidement possible» en Iran.

Le porte-parole du département d'État, Philip Crowley, a fourni une version complètement différente de la situation. Selon lui, Shahram Amiri se trouve aux États-Unis de plein gré «depuis un certain temps» et est «libre de partir».

«Je ne peux pas vous dire», a-t-il par ailleurs répondu à un journaliste qui lui demandait si le scientifique avait livré des informations aux États-Unis sur le programme nucléaire iranien.

Défection?

La réapparition de Shahram Amiri est le plus récent rebondissement d'une affaire qui a pris une certaine ampleur aux États-Unis en mars lorsque la chaîne ABC a affirmé que le physicien iranien avait fait défection et collaborait avec la CIA.

Puis, en juin, les médias iraniens ont diffusé deux vidéos mettant en scène un homme se présentant comme Shahram Amiri. Dans la première des vidéos, l'homme déclarait avoir été enlevé par les services secrets américains et être détenu près de Tuscon (Arizona). Dans la deuxième, il disait s'être échappé et se trouver en Virginie.

Quelques jours plus tard, une troisième vidéo a été diffusée sur YouTube dans laquelle un autre homme se présentant comme Shahram Amiri affirmait être libre et inscrit au doctorat dans une université américaine.

Ces vidéos ont fait surface au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies s'apprêtait à approuver de nouvelles sanctions contre le programme nucléaire de Téhéran.

«Depuis le jour où mes déclarations ont été mises sur l'internet, les Américains ont réalisé qu'ils étaient les perdants dans cette affaire», a déclaré Shahram Amiri lors de son interview à la télévision d'État iranienne.