Susanna Ramon s'apprêtait à aller au lit, un samedi soir de mai dernier, quand son téléphone a sonné.

Au bout du fil, la copine de son fils avait la voix paniquée. «Paul est à l'hôpital. Il est couvert de sang.»

Mme Ramon ne le savait pas encore, mais son fils venait de tomber du toit d'une voiture en marche. Selon la police, la voiture roulait à 50 ou 60 km/h quand Paul Benabides, 20 ans, a chuté. Son corps a été traîné à l'arrière sur plus de 100 m. Il était inconscient quand ses amis l'ont finalement secouru.

Il est mort le soir même, dans la salle des urgences du El Camino Hospital à San Jose, en Californie.

 

Aujourd'hui, Mme Ramon en veut à son fils, Paul, «mort à cause d'un jeu stupide», dit-elle.

Elle est aussi en colère contre la petite amie de son fils, Athena Ford, 20 ans, qui était au volant de la Toyota Camry sur laquelle son fils a grimpé le soir du 16 mai.

Au lieu d'appeler le 911, Mlle Ford et son frère ont placé la victime dans l'auto et ont entrepris de conduire à travers la ville, en essayant d'inventer une histoire pour éviter de dire la vérité. L'enquête a démontré que les jeunes avaient bu ce soir-là.

«Quand ils ont finalement trouvé un hôpital, ils ont dit que Paul avait été heurté par une voiture, explique Mme Ramon. Ça m'enrage qu'ils aient voulu cacher la vérité. S'ils avaient appelé le 911, mon fils serait peut-être en vie, aujourd'hui.» La semaine dernière, Athena Ford a été condamnée à un an de prison pour homicide commis à l'aide d'un véhicule.

Mme Ramon n'avait jamais entendu parler du car surfing avant l'accident de son fils. «Paul faisait beaucoup de skate board, mais il ne mettait pas sa vie en danger. C'est sa nouvelle petite amie et son frère qui connaissaient le car surfing. Je crois qu'il s'est fait influencer ce soir-là, il voulait avoir l'air cool et montrer qu'il n'avait pas peur.»

Jeu dangereux

C'est dans la région d'Oakland, en banlieue de San Francisco, qu'est apparu le car surfing, dans les années 80. Depuis, on a signalé des accidents partout aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Selon le Centre de prévention des maladies, un organisme fédéral, quelque 58 personnes auraient perdu la vie et 41 autres auraient été blessées en pratiquant le car surfing aux États-Unis entre 1990 et 2008. La vaste majorité des victimes sont des mineurs.

Une étude publiée dans The Journal of Neurosurgery par des médecins d'un hôpital de l'Ohio cet été montre que des jeux vidéo et des sites comme YouTube encouragent la pratique. Des centaines de vidéos archivées sur YouTube montrent des jeunes en train de faire du car surfing.

Les auteurs de l'étude notent que la moyenne d'âge des sept victimes du car surfing admises à leur hôpital ces dernières années est de 13.4 ans.

En introduction de l'étude, la Dre Ann-Christine Duhaime écrit: «Les gens font des choses stupides, et les adolescents font les choses qui comptent parmi les plus stupides. Il est abondamment documenté que les adolescents imitent ce qu'ils voient dans les médias, même si cela met leur santé en jeu.»

L'étude prône la prévention et demande des peines plus sévères pour les gens qui pratiquent ce type d'activité.

Susanna Ramon, elle, est encore sous le choc de la mort de son fils Paul. Samedi, il aurait célébré son 21e anniversaire de naissance. Pour l'occasion, ses amis vont se réunir dans un parc de San Jose.

«Il a touché bien du monde dans sa vie, dit-elle. Même s'il n'est plus là, les gens pensent à lui.»

 

Ghost Riding

Originaire d'Oakland, le ghost riding consiste à mettre son véhicule au neutre puis à en sortir pour danser à côté ou encore sur le toit ou sur le capot. Cette danse publique a été popularisée dans la vidéo Tell Me When To Go du chanteur hip hop Charlie Hustle, connu sous le nom de E-40.