En première ligne face aux menaces protectionnistes de Donald Trump, le Mexique, deuxième économie d'Amérique latine, a choisi samedi la prudence: «privilégier le dialogue» avec le futur président des États-Unis en espérant un «nouvel agenda».

«Face aux prises de position du président élu Trump, ce qui est certain c'est que nous en sommes à un stade où nous voulons privilégier le dialogue pour construire un nouvel agenda», a déclaré le président mexicain Enrique Peña Nieto à Lima, où sont réunis les dirigeants des 21 économies d'Asie-Pacifique (Apec).

«Le Mexique va continuer d'être un fervent partisan de l'ouverture», a ajouté M. Peña Nieto, qui prévoit de rencontrer Donald Trump avant sa prise de fonction.

Durant la campagne électorale, le milliardaire américain a inquiété les marchés en promettant une série de mesures protectionnistes dès son arrivée à la Maison-Blanche le 20 janvier, afin, selon lui, de protéger les emplois américains contre la concurrence chinoise ou mexicaine à bas coût.

M. Trump a par exemple évoqué une taxe à l'importation de 35% pour les voitures produites au Mexique puis importées aux États-Unis.

Il a également menacé de bloquer les transferts de devises vers leurs familles pour les millions de Mexicains installés aux États-Unis, afin d'obliger le Mexique à financer la construction d'un mur à la frontière. Au cours des huit premiers mois de l'année ces transferts ont atteint presque 18 milliards de dollars.

«Ne nous laissons pas dérouter par ces sentiments protectionnistes qui commencent à s'élever dans différentes parties du monde. Je pense que la mondialisation a apporté plus de bénéfices que de dommages», a plaidé samedi le président mexicain, en soulignant la «relation centrale» de son pays avec les États-Unis, son premier partenaire commercial.

En 2015, les échanges commerciaux entre les deux voisins se sont élevés à 532 milliards de dollars.

Mexico veut moderniser l'ALENA

Dans l'après-Trump, «parmi les pays qui ont le plus à perdre, se trouvent les deux voisins des États-Unis, le Canada et le Mexique», a déclaré à l'AFP Carlos Malamud, professeur à l'Institut Elcano de Madrid.

L'incertitude qui règne actuellement «affecte les projets d'investissement qui sont bloqués. De manière globale, l'économie internationale est paralysée jusqu'à ce que l'on sache dans quel sens souffle le vent».

M. Peña Nieto a également réaffirmé l'importance de l'accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) tout en estimant qu'il pouvait être amélioré, alors que M. Trump a dit vouloir renégocier, voire enterrer cet accord qui rassemble depuis 1994 les États-Unis, le Canada et le Mexique.

«La position du Mexique concernant l'ALÉNA penche plutôt pour une modernisation qu'en faveur d'une renégociation», a déclaré M. Peña Nieto.

Ce pays de 122 millions d'habitants fait aussi partie de l'Alliance du Pacifique au côté du Pérou, du Chili et de la Colombie.

Concernant le Partenariat transpacifique (TPP), également vilipendé par Donald Trump, le président mexicain a jugé que cet accord de libre-échange - qui exclut la Chine - traversait «une phase de grande incertitude liée à la décision américaine de participer ou pas».

Un accord «terrible» qui «viole» les États-Unis avait critiqué Donald Trump, s'opposant fermement à son improbable ratification par le Congrès américain, à majorité républicaine.

Le TPP a été signé en 2015 entre 12 pays de la région, sous l'impulsion de Barack Obama, qui fait à Lima ses adieux aigre-doux à la scène internationale.