Le procureur général de Colombie, Eduardo Montealegre, a estimé possible une suspension de peines pour les guérilleros des FARC même en cas de crime contre l'humanité, si les négociations de paix actuellement menées à Cuba aboutissent à un accord, dans un entretien publié lundi à Bogota.

«Si l'on arrive à un accord de paix à La Havane, le Congrès pourra déterminer par une loi si ces peines peuvent être suspendues», a indiqué M. Montealegre, au cours de cet entretien au quotidien el Tiempo, le principal journal colombien.

«C'est une décision politique que devra prendre le Congrès le moment venu, mais qui n'est pas encore tranchée», a-t-il précisé.

La question d'une suspension de peines est l'un des points cruciaux des pourparlers avec la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), la principale guérilla du pays et la plus ancienne d'Amérique latine, qui compte encore, selon les autorités, quelque 8000 combattants après 49 ans d'existence.

Avant l'ouverture des négociations, qui se déroulent depuis novembre dans la capitale cubaine, le Congrès colombien a adopté l'an dernier une réforme constitutionnelle, qui prévoit la possibilité de suspension de peines en échange d'aveux dans le cadre d'un processus de démobilisation.

Le procureur général a précisé que cela n'empêcherait pas le Parquet de continuer à enquêter sur les «cas de crimes contre l'humanité et crimes de guerre». Mais, a-t-il souligné, la Constitution «permet qu'on puisse aboutir à une suspension de peines, y compris pour ce type de crimes».

Ce type de dispositif correspond au processus de justice dite «transitionnelle», qui s'applique dans le cadre de règlement de conflits internes. M. Montealegre a précisé qu'il devrait aussi s'appliquer aux militaires colombiens qui ont aussi «commis de graves violations des droits de l'homme».

En cinq décennies, le conflit colombien, qui a mis en scène des guérillas communistes, des milices paramilitaires d'extrême droite - officiellement démobilisées depuis 2006 - et des bandes criminelles de narco-trafiquants, a fait quelque 600 000 morts, 15 000 disparus et 3,7 millions de déplacés, selon des chiffres officiels.