Le président péruvien Ollanta Humala a laissé la porte ouverte dimanche soir à une éventuelle grâce pour Alberto Fujimori, l'ex-chef d'État péruvien qui purge actuellement une peine de prison de 25 ans pour crimes contre l'humanité et corruption.

Fujimori, 74 ans et sa famille avaient déposé une demande de libération pour des raisons médicales en octobre. Seul le président peut accorder une telle grâce, et M. Humala avait demandé un rapport à ce sujet au gouvernement.

«Je suis naturellement prêt à rencontrer» les défenseurs de M. Fujimori pour discuter du cas de l'ex-président, a affirmé dimanche soir M. Humala dans une interview à la télévision péruvienne, «mais seulement après avoir reçu le rapport».

Les sympathisants de M. Fujimori conservent une influence politique considérable au Congrès, où on parle depuis longtemps d'un arrangement en vue de faire libérer l'ex-président.

M. Humala avait battu sa fille et ancienne députée, Keiko Fujimori, lors de l'élection présidentielle de juin 2011.

En octobre, les quatre enfants de Fujimori avaient officiellement demandé au président Humala la libération de leur père pour des raisons humanitaires, décrit comme un vieillard malade du cancer.

Une commission médicale pénitentiaire, composée de 12 médecins de diverses spécialités, avait cependant conclu en mars qu'il ne présentait actuellement aucun symptôme de cancer.

Ollanta Humala a déclaré qu'il n'acceptait pas les pressions via les médias ou les polémiques pour gracier l'ex-président.

La demande de grâce a rouvert de vieilles blessures au Pérou, où quelque 70 000 personnes ont été tuées dans les années 1980 et 1990 dans la guerre de guérilla du mouvement maoïste du Sentier lumineux, vaincu finalement au prix d'une violente répression par le gouvernement Fujimori.

Au pouvoir depuis 1990, il avait fui le Pérou pour le Japon, le pays natal de ses parents, sur fond d'un énorme scandale de corruption, pour démissionner par fax depuis un hôtel de Tokyo à la fin de 2000.

M. Fujimori ayant obtenu la nationalité japonaise, Lima a passé des années à essayer en vain de convaincre Tokyo de l'extrader.

Après une longue bataille juridique, c'est finalement le Chili, où il s'était rendu en 2005, qui avait extradé Fujimori en septembre 2007.