Une manifestation silencieuse contre la violence provoquée par les narcotrafiquants et la riposte militaire de l'État a rassemblé des milliers de personnes dimanche à Mexico, point culminant d'une marche de quatre jours qui a débuté jeudi à Cuernavaca, à 90 km au sud de la capitale mexicaine.

La marche «pour la paix, la sécurité et la justice» a été lancée à l'initiative du poète Javier Sicilia, dont le fils a été assassiné en mars. Les organisateurs attendaient plus de 50 000 personnes et en milieu de parcours, la police comptait déjà 24 000 participants.

Les organisateurs de la marche, qui devait s'achever dimanche en fin d'après-midi sur la place principale de Mexico, demandent la fin des violences des narcotrafiquants et le retrait rapide des 50 000 soldats qui sont chargés d'affronter les cartels de la drogue depuis décembre 2006, date de l'arrivée au pouvoir du président mexicain Felipe Calderon. Selon les chiffres officiels, cette offensive a fait 34 600 morts entre décembre 2006 et décembre 2010. Selon des estimations de la presse, plus de 3000 personnes supplémentaires ont trouvé la mort depuis le début 2011.

«Nous voulons donner des visages, des noms, des dates, à chacune ces 40 000 victimes qu'a laissées derrière elle cette stratégie meurtrière», a dit à l'AFP Javier Sicilia au départ de la manifestation dimanche.

«La sécurité nationale, ce n'est pas seulement lâcher les troupes dans la rue, c'est beaucoup d'autres choses», a-t-il dit.  «Nous devons nous asseoir autour d'une table et réfléchir à la stratégie, parce que ce qui a été fait jusqu'à maintenant a été une erreur».

La marche avait démarré jeudi dans la ville de Cuernavaca, à 90 km au sud de la capitale mexicaine - où le 28 mars dernier, avaient été retrouvés dans une voiture les cadavres d'un fils de Sicilia, Juan Francisco, et de six autres personnes portant des traces de torture. Les homicides ont été attribués par le gouvernement à un cartel de trafiquants de drogue.

Il s'agit de la deuxième protestation convoquée convoquée par Javier Sicilia depuis la mort de son fils. La prochaine initiative sera la signature en juin d'un pacte pour la dignité nationale, à Ciudad Juárez, dans le nord du Mexique, la ville la plus touchée par la violence avec plus de 3000 morts en 2010.

En tête de la manifestation, portant le drapeau du Mexique, figurait dimanche Julian LeBaron, leader d'une communauté de mormons de l'État du Chihuahua (nord), dont le fils a été assassiné après avoir été enlevé. «Je suis ici pour qu'on s'en souvienne pour que cesse l'impunité».

Derrière lui, se tenant par les bras, ont défilé Javier Sicilia et d'autres parents de victimes avec des dizaines de pancartes portant les photos d'hommes ou de femmes morts ou disparus au cours des quatre dernières années.

Catholique pratiquant, le poète avait commencé la journée, au départ de la cité universitaire, par une prière collective avec d'autres sympathisants. Sur le trajet, s'est joint au cortège le père Alejandro Solalinde, un défenseur des droits des immigrés d'Amérique centrale et du Sud qui passent par le Mexique pour gagner les États-Unis. En août 2010, 72 immigrants de ces régions avaient été assassinés dans une localité du nord du pays par le cartel des Zetas, un gang formé par d'anciens militaires d'élite de l'armée mexicaine.

D'autres manifestations ont eu lieu dimanche dans plusieurs villes du pays, comme à Puebla (centre) ou à Ciudad Juárez.