Un passeport diplomatique a été remis mardi à l'avocat de Jean-Bertrand Aristide, l'ancien président haïtien en exil en Afrique du Sud depuis 2004, qui va ainsi pouvoir retourner à Haïti comme il le souhaitait, a dit à l'AFP le ministre de l'Intérieur Paul-Antoine Bien-Aimé.

«Le passeport a été officiellement remis au représentant légal de M. Aristide», a déclaré le ministre joint par téléphone.

L'avocat de l'ancien président, Ira Kurzban, avait indiqué à l'AFP mardi qu'il se rendrait dans la journée à Port-au-prince pour récupérer le passeport de son client.

Les services de l'immigration avaient affirmé lundi à l'AFP que le document avait été imprimé et remis aux autorités haïtiennes.

Dans un communiqué diffusé mi-janvier, M. Aristide, avait expliqué vouloir rentrer au pays pour des raisons médicales et aussi «pour contribuer à servir (ses) frères et soeurs haïtiens en tant que simple citoyen dans le domaine de l'éducation».

Jean-Bertrand Aristide, 57 ans, ancien opposant à la dictature duvaliériste  (1957-86) et prêtre partisan de la «théologie de la libération», a été élu une première fois à la tête du pays en 1990, avant d'être chassé du pays huit mois plus tard par un coup d'Etat militaire.

Revenu à la tête de l'Etat en octobre 1994, grâce à une intervention militaire des Etats-Unis, il termine son mandat en 1996, laissant le pouvoir à son dauphin, l'actuel président René Préval.

L'ancien prêtre des bidonvilles, relevé de ses voeux par une dispense vaticane pour pouvoir se marier, est réélu en novembre 2000. Mais il est contraint à l'exil en février 2004, sous la menace d'une insurrection armée conjuguée à des pressions internationales, notamment des Etats-Unis et de la France, qui lui reprochent son incompétence.

Si son retour se confirme, M. Aristide serait le deuxième ex-président à regagner Haïti après Jean-Claude Duvalier. L'ancien dictateur «Baby Doc» a regagné Port-au-Prince le 16 janvier après 25 ans d'exil en France.

La présence de ces deux personnalités pourrait être de nature à semer le trouble en Haïti alors que le pays tente péniblement d'élire un nouveau président et qu'un second tour est prévu le 20 mars.