Une juge a défié vendredi une nouvelle loi légalisant le mariage homosexuel en Argentine, premier pays en Amérique latine et dixième au monde à le faire, affirmant préférer «donner sa vie» plutôt que d'appliquer ce texte.

«Une relation entre deux homosexuels est, aux yeux de Dieu, quelque chose de mauvais», a dit à la presse Marta Covella, juge de paix de la ville de General Pico, située 700 km au sud de Buenos Aires.

«On m'accusera de tout ce qu'on voudra, mais Dieu me dit une chose et j'ai l'intention de lui obéir coûte que coûte, même s'il faut donner ma vie», a-t-elle dit, soulignant qu'elle a été «élevée dans la lecture de la Bible».

Les juges de paix, qui dépendent du pouvoir exécutif de leur province et non du pouvoir judiciaire, sont chargés de marier les personnes qui en font la demande dans les petites villes d'Argentine.

Ce pays, dont la population se déclare catholique à 91%, est devenu jeudi le premier d'Amérique latine à autoriser le mariage homosexuel au cours d'un vote historique au Sénat.

Dans le Code Civil, la formule «mari et femme» a été remplacée par «les contractants». Les mariés pourront adopter des enfants et avoir accès aux mêmes droits: sécurité sociale, allocations ou jours de congé liés à la vie familiale.

L'Argentine est le dixième au monde à autoriser le mariage homosexuel sur tout son territoire après les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne, le Canada, l'Afrique du Sud, la Norvège, la Suède, le Portugal et l'Islande.

L'Eglise catholique, très influente, avait mobilisé des dizaines de milliers de personnes et dénoncé un «projet démoniaque». La présidente Cristina Kirchner avait critiqué ses arguments, renvoyant, selon elle, «à l'Inquisition».

Deux Argentins, Alex Freyre et José Maria Di Bello, ont été les premiers homosexuels à se marier en Amérique latine le 28 décembre en Terre de feu (sud), avant d'être imités par six autres couples gays ou lesbiens.