Un immense trou boueux et quelques maisons colorées sont tout ce qu'il reste de Rio Largo, un village du nord-est du Brésil, rayé de la carte par la force des eaux du fleuve Mundau en crue, un exemple du drame que vit cette région où 44 personnes ont péri.

Quelques photos collées sur les murs mouillés de rares maisons encore debout rappellent que là vivaient des familles: ces photos sont pour beaucoup la seule chose qu'ils ont pu sauver des eaux furieuses du Mundau.

Rio Largo est l'une des communes les plus touchées par les pluies meurtrières qui se sont abattues depuis samedi sur les Etats d'Alagoas et de Pernambouc, dans le nord-est du Brésil. Des centaines de personnes sont encore portées disparues dans ces deux États pauvres.

Seule l'église érigée sur un parvis en béton est encore sur pied dans ce village située dans une vallée où naît le Rio Mundau, à 40 km de Maceio, la capitale de l'Alagoas.

Le reste des constructions de cette communauté d'ouvriers des usines d'alcool à base de canne à sucre a été englouti par le fleuve.

Bien qu'aucun mort n'ait été enregistré à Rio Largo, contrairement à d'autres villages, la destruction y est totale.

La désolation dans ce qui reste des rues boueuses où s'entassent toutes sortes de détritus et gravats est à l'image de la tristesse des habitants qui ont mis des planches par terre pour pouvoir se déplacer.

Eduardo, sa femme Nilsa et leurs trois enfants ont perdu tout ce qu'ils avaient, sauf les murs de leur maison. Ils ne reste aucun meuble et le petit restaurant-épicerie «Bombom» avec lequel ils gagnaient leur vie a été emporté.

«C'était ma vie, je n'avais que ce travail», raconte Eduardo à l'AFP.

«Si dans un mois ou deux je ne m'en relève pas, il faudra que parte ailleurs», ajoute-t-il, consterné.

Son histoire est celle de la plupart des habitants de la commune dont il ne reste pratiquement qu'un trou boueux où s'entassent des troncs d'arbres, des briques et des bouts de roches.

«Regardez les murs! L'eau est montée jusqu'à trois mètres», déclare, au coté de sa fille, Rejane Satiro, 47 ans.

«Comme nous sommes habitués aux inondations d'un mètre de haut, nous avons suspendu nos affaires et sommes partis. Mais cette fois-ci l'eau est venue avec force. On n'a pas eu le temps de sauver quoi que ce soit. Je suis sortie avec de l'eau jusqu'au cou», se remémore-t-elle.

Eduardo lui, a dû courir pour sauver sa famille.

«J'allais voir ma mère quand j'ai vu une trombe d'eau arriver. J'ai eu très peur et je suis revenu pour sauver ma famille. J'avais déjà de l'eau jusqu'à la poitrine», raconte-t-il, précisant qu'il a mis sa femme et ses trois enfants à l'abri sur une colline voisine.

Il tient la photo mouillée de son petit dernier, Cahuan, dont l'eau n'a pas réussi à effacer le sourire.