Un Pakistanais de 28 ans a été placé mardi en garde-à-vue prolongée au Chili en vertu de la loi antiterroriste, après avoir été arrêté lundi à l'ambassade des États-Unis à Santiago avec sur ses mains et objets personnels des résidus d'explosif, a annoncé la justice.

Mauhannas Saif ur Rehnab Khan, un stagiaire en hôtellerie, au Chili depuis trois mois, a vu sa garde-à-vue prolongée jusqu'à samedi, à la demande du procureur qui a invoqué la législation antiterroriste. Le jeune homme, qui clame son innocence, n'a pas comparu.

Rehnab a été arrêté lundi après-midi à l'ambassade américaine où il venait pour «une démarche consulaire», a indiqué à Washington un porte-parole du département d'Etat.

«Nous l'avions invité à venir à l'ambassade pour clarifier une information sur lui», a déclaré le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley à des journalistes.

«Quand il est entré dans l'ambassade, nos détecteurs d'explosifs se sont déclenchés», a-t-il ajouté.

Des traces d'un explosif dérivé du TNT ont été décelées sur ses mains, son téléphone portable, son sac et des documents. La police chilienne, avec un chien spécialisé dans la détection d'explosif, puis un appareil d'analyse de particules, a confirmé la présence de substance suspecte.

L'arrestation intervient une semaine après celle à New York d'un Pakistanais naturalisé américain, Faisal Shahzad, soupçonné d'être l'auteur de l'attentat raté à la voiture piégée du 1er mai à Times Square. Il avait été arrêté dans un avion sur le point de décoller de l'aéroport JFK pour Dubaï.

Le département d'Etat a dit ne rien savoir d'un lien éventuel entre les cas de Santiago et Times Square.

Le Pakistanais, aux papiers en règle, et en stage dans un hôtel de Santiago, ne figure sur aucune liste internationale de personnes recherchées, selon des sources proches de l'enquête, citées mardi dans la presse.

A son domicile, une pension du centre de Santiago, la police a saisi soir un ordinateur, et des sacs de vêtements, en cours d'analyse.

Lors de son transfert mardi soir en vue d'un examen médical, Rehnab a clamé son innocence, affirmant n'avoir aucun lien avec le terrorisme, ni «aucune idée» de ce qui lui arrive.

«Je ne sais rien au sujet de bombes, je suis quelqu'un qui étudie et travaille, et je n'ai rien à voir avec ces choses-là», a-t-il déclaré à un groupe de journalistes dont l'AFP.

«Je crois que c'est la faute des Etats-Unis, où je voulais aller passer un mois, c'est pour cela que j'allais à l'ambassade», a-t-il ajouté.

Selon une voisine de la pension où il vivait, le jeune homme était «renfermé» et «un peu bizarre», même s'il faisait de temps en temps un brin de conversation. «Il ne recevait jamais de visite», a-t-elle déclaré au quotidien La Tercera.

Un porte-parole de la mosquée As-salam, où il se rendait régulièrement le vendredi, a exprimé sa «surprise». Ce porte-parole, Mohammed Said Rumie, a évoqué un jeune homme plutôt introverti, qui communiquait peu avec le reste des fidèles.

Le jeune homme a reçu en détention la visite du personnel de son ambassade. Celle-ci n'a pas fait de commentaire officiel mardi.

L'ambassadeur américain Paul Simons a indiqué ne pas croire l'hypothèse d'un attentat contre l'ambassade. L'enquête est «entre les mains de la justice chilienne», a-t-il déclaré.

«Nous serons implacables contre toute forme de criminalité, en particulier narcotrafic et terrorisme», a déclaré le ministre de l'Intérieur Rodrigo Hinzpeter.