La confirmation par un tribunal équatorien de la validité d'un mandat d'arrêt contre l'ex-ministre de la Défense colombien Juan-Manuel Santos, candidat à la présidence, a déclenché mardi une nouvelle polémique entre la Colombie et l'Équateur.

Lundi, le tribunal de Sucumbios, localité du nord-est de l'Équateur, a donné droit à une demande du parquet visant à confirmer la validité du mandat d'arrêt, qui faisait l'objet d'un appel par la défense, a-t-on appris de source judiciaire.

Le mandat était fondé sur des accusations d'assassinat visant l'ex-ministre, pour avoir ordonné l'attaque menée le 1er mars 2008 contre un campement de la guérilla colombienne des FARC en Équateur.

Vingt-cinq personnes avaient péri dans le bombardement de l'armée colombienne, dont le numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), Raul Reyes, et l'attaque avait entraîné la rupture par Quito de ses relations diplomatiques avec la Colombie.

Le bombardement a motivé en Équateur une procédure judiciaire, visant non seulement M. Santos, mais aussi de hauts gradés colombiens, dont le général Freddy Padilla de Leon, chef d'état-major interarmés.

Alors que les deux pays avaient rétabli leurs relations diplomatiques, le tribunal de Sucumbios avait annulé début avril la procédure, précisant que celle-ci devait être reprise intégralement, à commencer par le stade de la notification des charges.

Il a vraisemblablement tranché, lundi, en faveur de la réouverture du dossier et de l'émission d'un mandat d'arrêt.

«La Colombie, le gouvernement colombien, a mené cette opération contre Raul Reyes. Nous avons présenté nos excuses à l'Équateur», a déclaré Alvaro Uribe mardi à une radio locale, Todelar.

Mais, a-t-il ajouté, «cette affaire visant l'ex-ministre Santos est extrêmement grave», c'est «une agression contre le peuple colombien».

M. Santos «admet qu'il est l'auteur de l'attaque et qu'il en est fier», a commenté pour sa part mardi le président équatorien Rafael Correa, ajoutant: «Je suppose que cela a des conséquences sur le processus judiciaire».

Juan-Manuel Santos, dauphin autoproclamé d'Alvaro Uribe, est l'un des deux favoris de l'élection présidentielle en Colombie, dont le premier tour est prévu le 30 mai. Il a récemment déclaré qu'il ne regrettait pas l'attaque, dont il était «fier».

M. Santos est peu apprécié par Rafael Correa et son allié le chef de l'État vénézuélien Hugo Chavez, qui le décrivent comme une «menace» pour la paix régionale.