Le Chili s'est résolu lundi à solliciter l'aide internationale pour des milliers d'habitants coincés dans les décombres ou dans l'attente de nourriture, alors que l'armée ne parvenait pas à freiner les pillages après le séisme qui a tué plus de 700 personnes.

À Concepcion, une des villes les plus touchées dans le centre-sud du pays, des dizaines de personnes ont mis à sac et incendié un supermarché, blessant au moins un pompier. Les pillages de commerces par des habitants désespérés, souffrant de faim et de soif, ayant passé la nuit dehors, se poursuivaient pour la deuxième journée consécutive.

«Ici, ils pillent même les casernes de pompiers», a affirmé le commandant des pompiers de la ville, Jaime Jara.

Les renforts de l'armée, blindés et soldats, se montraient pourtant ostensiblement dans les rues pour tenter de rétablir le calme. Pendant la nuit, dans une ville totalement plongée dans le noir, au moins 160 personnes ayant violé le couvre-feu avaient été arrêtées, selon le ministère de l'Intérieur.

Pour faire face à la tension croissante, la présidente Michelle Bachelet a annoncé le déploiement de 7 000 militaires dans les régions sinistrées.

Et après avoir demandé à la communauté internationale d'attendre, le gouvernement s'est rendu à l'évidence en demandant officiellement «l'assistance internationale», a indiqué à Genève la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs.

Le bilan de la catastrophe s'est alourdi à 723 morts et 19 disparus, selon le Bureau national des urgences (Onemi). Près de deux millions de personnes, un Chilien sur huit, ont été touchés par le séisme de magnitude 8,8, un des plus violents des cent dernières années.

Le coût des dégâts atteindrait 15 à 30 milliards de dollars, selon la société américaine spécialisée, EQECAT.

Parallèlement, dans une course contre la montre, les secouristes, équipés de chiens et de détecteurs thermiques, s'acharnaient à trouver des survivants, notamment dans l'immeuble «Borde Rio» de Concepcion, couché sur le dos, où environ 35 personnes seraient toujours coincées.

Huit corps ont déjà été extraits, et trois ou quatre survivants repérés. Les sauver sera extrêmement périlleux puisque s'il faut perforer le mur, la structure pourrait s'effondrer. «C'est un travail d'horlogerie. Que Dieu nous aide», lance le commandant des pompiers Juan Carlos Subercaseaux.

La zone la plus touchée du Chili est le littoral de la région du Maule, avec 544 morts. Située à 300-400 km au sud de Santiago, elle a été submergée par endroits par une vague géante de 2 à 6 mètres qui a suivi le séisme, les habitants ayant été pris par surprise.

Les autorités ont reconnu une «erreur de diagnostic» et n'ont pas pu éviter la destruction de villes entières comme Talcahuano, Penco, Dichato, où des survivants attendaient lundi, angoissés, l'aide retardée par les dégâts sur les routes.

Avec des maisons broyées, des bateaux projetés à l'intérieur des terres, la côte offrait un spectacle de désolation. «La situation est pire que ce à quoi je m'attendais», a avoué le président élu Sebastian Pinera, qui a parcouru la zone à dix jours de sa prise de fonction pour remplacer Mme Bachelet.

La présidente a fourni pour sa part une «liste de priorités» à l'ONU pour les secours.

Dès samedi, l'Union européenne avait offert 3 millions d'euros d'aide, le Japon trois millions de dollars et la Chine un. L'Argentine, le Pérou, le Brésil et la Bolivie vont envoyer de l'aide, et le président brésilien Luiz Inacio da Silva s'est rendu lundi à Santiago pour rencontrer Mme Bachelet.

Le Chili a demandé au gouvernement américain un hôpital de campagne, des systèmes de purification d'eau et de communications, dont la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, devrait apporter une partie mardi lors d'une visite-éclair à l'aéroport de Santiago.

Une tragédie est venue s'ajouter à la catastrophe avec la mort lundi de six personnes tuées dans le crash d'un petit avion transportant une équipe d'évaluation de dégâts à Concepcion.

Le tremblement de terre a dégagé samedi une énergie mille fois plus puissante que celui qui a dévasté Haïti le 12 janvier, où 200 fois plus de personnes sont décédées.

A Santiago, la capitale qui a bien résisté au séisme, le travail a repris. L'aéroport international a rouvert. Plusieurs mines du Chili, premier producteur mondial de cuivre, ont recommencé l'extraction de métal rouge.

La rentrée des classes est prévue mercredi et devrait bien avoir lieu pour un million et demi d'enfants qui recevront un soutien psychologique.