Le président du Venezuela Hugo Chavez a nommé deux fidèles aux postes clés de vice-président et de ministre de la Défense, en pleine fronde d'une partie de la population contre la suspension de la chaîne câblée RCTV, très critique à l'égard du gouvernement.

À huit mois d'élections législatives cruciales pour Chavez, le ministre de l'Agriculture Elias Jaua a été promu vice-président et le général Carlos Mata ministre de la Défense, dans la nuit de mardi à mercredi, en remplacement de Ramon Carrizalez qui a démissionné lundi de ces deux fonctions pour «raisons personnelles». La presse locale a toutefois évoqué «certains désaccords» entre cet ex-colonel de 59 ans et le chef de l'État socialiste dont il était un fidèle collaborateur depuis six ans.

Sa femme Yubiri Ortega a également démissionné de son poste de ministre de l'Environnement, alors que le pays est secoué par des manifestations qui ont fait deux morts après la suspension dimanche de RCTV.

Bien qu'elle soit basée à Miami et diffusée par câble, la chaîne doit se soumettre selon les autorités à la loi locale car plus de 30% de ses programmes sont produits au Venezuela. Or, elle a contrevenu à deux reprises à une de ses obligations, celle de diffuser les discours fleuves de M. Chavez.

Comme lors des rassemblements massifs pour dénoncer en 2007 la suppression de la licence hertzienne de RCTV, les étudiants sont aux premières loges de la contestation.

Le nouveau vice-président Elias Jaua, 40 ans, choisi «en raison de la transparence, de la capacité de travail, de l'humilité et de l'honnêteté dont il a fait preuve dans toutes les fonctions qu'il a assumées», selon M. Chavez, est un ancien leader étudiant de gauche.

C'est aussi un proche du chef de file de la gauche radicale latino-américaine, dont il a notamment été le secrétaire personnel.

Plus récemment, M. Chavez lui a confié la responsabilité de la réforme agraire qui a conduit à la confiscation de plus de 300 000 hectares rien qu'en 2009, malgré les critiques de l'opposition pour qui les terres réquisitionnées sont laissées à l'abandon.

Le nouveau ministre de la Défense, le général Mata, dirigeait le Commandement stratégique opérationnel dont dépendent toutes les unités opérationnelles des forces armées. C'est aussi un fervent partisan du «socialisme du XXIe siècle» prôné par M. Chavez.

«C'est un des hommes qui m'ont le plus soutenu», a souligné le chef de l'État dont plusieurs projets ont été critiqués récemment.

Certains économistes redoutent ainsi que la dévaluation du bolivar annoncée le 8 janvier ne fasse flamber les prix dans un pays essentiellement importateur, qui a déjà enregistré 25% d'inflation l'an dernier.

Une partie de la population a en outre grogné contre les coupures de courant décrétées à Caracas pour faire face à une crise énergétique prolongée.

L'échec du programme de rationnement de l'électricité a d'ailleurs coûté sa place mi-janvier au ministre de l'Energie électrique, Angel Rodriguez.

Le mois dernier, un autre ministre, Jesse Chacon, en charge des Sciences et de la Technologie, avait lui aussi cédé sa place en raison d'un scandale bancaire impliquant son frère et qui s'était soldé par la fermeture et la nationalisation de plusieurs banques locales.

M. Chavez dont la cote de popularité a chuté de 10 points ces derniers mois pour avoisiner les 50%, s'est fixé pour objectif de remporter deux tiers des sièges aux législatives de septembre.