La Colombie a annoncé vendredi avoir conclu un accord avec les États-Unis leur permettant d'utiliser sept bases militaires colombiennes pour lutter contre le trafic de la drogue et le terrorisme.

Cet accord qui doit être examiné par les instances gouvernementales des deux pays avant d'être signé a déjà suscité inquiétude et colère auprès d'un certain nombre d'États latino-américains. «Cet accord réaffirme l'engagement des deux parties à lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme» déclare un communiqué du ministère colombien des Affaires étrangères, publié vendredi.

Il permettra aux avions américains de repérer les bateaux utilisés par les trafiquants dans le Pacifique.

Le général James Cartwright, vice-président du comité de l'état-major interarmes américain, avait déclaré jeudi au cours d'une conférence de presse que les États-Unis étaient soucieux de rassurer les puissances régionales au sujet de cet accord, plusieurs dirigeants latino-américains ayant manifesté leur inquiétude. Le voisin vénézuélien a même estimé que «le vent de la guerre» s'était levé.

«Nous devons améliorer notre travail de communication et expliquer que ce que nous faisons est aussi transparent que possible parce que les inquiétudes quelles qu'elles soient sont légitimes» a-t-il précisé.

Washington s'est tournée vers son allié colombien pour compenser la perte de sa principale plateforme de lutte contre le trafic des stupéfiants dans la région, la base de Manta en Equateur, le président équatorien, Rafael Correa, ayant refusé de renouveler l'accord qui a permis aux États-Unis d'utiliser cette base pendant les dix dernières années.

L'accord rapportera 40 millions de dollars à la Colombie, a souligné un responsable américain qui a préféré garder l'anonymat.

Le général Cartwright et le secrétaire américain à la Défense Robert Gates ont souligné que l'accord n'était pas dû à une initiative uniquement américaine mais au partenariat des deux pays.

«Notre objectif stratégique est d'être en mesure de satisfaire les besoins des Colombiens tout en poursuivant l'assistance que nous leur apportons pour lutter contre les menaces intérieures dont ils font l'objet» a précisé le général Cartwright.

L'accord, annoncé le 15 juillet dernier, a soulevé un certain mécontentement dans une région dont l'histoire est obérée par les interventions militaires américaines.

Le président vénézuélien Hugo Chavez a pris la tête de ce mécontentement aux côtés de son homologue équatorien Rafael Correa.

S'exprimant à Quito au cours d'un sommet régional, M. Chavez a déclaré qu'il avait le «devoir moral» de prévenir ses homologues que «le vent de la guerre commençait à souffler» et que cela pouvait provoquer «une guerre en Amérique du Sud».

D'autres chefs d'État, dont le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ont demandé à la Colombie de s'expliquer et de garantir que les appareils américains ne «déborderaient pas» les frontières de la Colombie.

Répondant à ses détracteurs, le président colombien Alvaro Uribe a déclaré vendredi que cet accord visait à «défaire le terrorisme» et constituait «une garantie de sécurité pour les nations voisines».

Il a ajouté qu'il assisterait au sommet extraordinaire de l'Union des États sud-américains (UNASUR) le 28 août à Bariloche en Argentine pour discuter de la situation créée par cet accord.

De son côté, un responsable du département de l'Amérique latine du secrétariat américain à la Défense, Frank Mora, qualifiant de «tempête dans un verre d'eau» la controverse en cours a confié à l'AFP que «cet accord ne fait que donner un cadre officiel à ce qui existe de fait actuellement».