Le gouvernement colombien a promis mercredi d'intensifier ses actions contre le chef militaire des Farc, Jorge Briceno alias «Mono Jojoy», en réponse à un attentat attribué à la guérilla, qui a fait deux morts mardi soir à Bogota.

Cet attentat «va avoir des répercussions pour Mono Jojoy car nous allons doubler les bombardements, nous allons intensifier toutes nos actions contre cette structure», a déclaré le ministre de la Défense Juan-Manuel Santos à des journalistes à l'issue d'un conseil de sécurité extraordinaire convoqué dans la capitale.

M. Santos a affirmé que son armée avait «plus ou moins» identifié la région où se trouvait le chef militaire de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et qu'elle «s'en approchait de plus en plus».

Selon lui, Jorge Briceno aurait ordonné des actes terroristes «indiscriminés», dans une communication interceptée le 3 janvier.

«Il y a une intention claire des Farc d'accroître leurs actions terroristes», a-t-il prévenu.

Le ministre avait auparavant souligné que la guérilla, affaiblie militairement, évitait désormais les affrontements directs avec l'armée et chercherait en revanche à commettre davantage d'attentats.

Selon un courrier révélé par le journal colombien El Espectador fin septembre 2008 et attribué par les services du renseignement au chef de la guérilla Alfonso Cano, celui-ci aurait aussi souhaité la reprise des attentats pour rendre «plus visible» l'organisation de guérilla.

Quant à l'attentat de mardi soir, le ministre de l'Intérieur Fabio Valencia a précisé que les locaux visés, un commerce de location de films situé dans un quartier luxueux du nord de la capitale, appartenaient à une chaîne qui était «victime d'extorsion depuis longtemps».

Les premiers indices sur l'attaque qui s'est produite peu après 21h00, «semblent indiquer que l'attentat a été perpétré par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie» (Farc), a-t-il annoncé.

Selon les autorités, la bombe contenant entre cinq et 10 kilos d'explosif équipée d'une minuterie et dissimulée dans un petit local où se trouvait un distributeur de billets de banque, attenant au magasin, a été posée en représailles, après le refus de la chaîne de verser un «impôt révolutionnaire» à la guérilla.

D'autres commerces de la capitale ont été victimes de ces tentatives d'extorsion et d'attentats similaires en 2008, selon la police.

L'attaque s'est produite alors qu'un processus est en cours pour la libération de six otages de la guérilla, trois policiers, un militaire, un ancien gouverneur et un ex-député. Les Farc se sont engagées dans un communiqué diffusé le 21 décembre à libérer ces hommes sans contrepartie.

Piedad Cordoba, sénatrice du Parti libéral (opposition) désignée pour servir d'intermédiaire dans ce processus, avait confirmé mardi que seuls les détails logistiques restaient à régler pour la première phase de la libération de ces otages, qui doit se faire en deux étapes, d'abord les membres des forces de l'ordre puis les politiques.

Le ministre de la Défense a assuré mercredi que l'attentat de Bogota n'affecterait pas ce processus mené avec le soutien du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Brésil qui fournira des hélicoptères.

Un expert brésilien devait rencontrer mercredi le commandant de l'armée de l'air «pour régler tous les détails logistiques», a-t-il précisé.

«Une fois la partie logistique réglée, ils seront prêts à initier en 48 heures l'opération» de récupération des otages libérés, a-t-il ajouté.