Dans The Big Short, son dernier best-seller que j'ai lu avec autant d'intérêt que de plaisir pendant mes vacances, Michael Lewis présente quatre Américains qui ont vu venir la crise financière de 2008 provoquée en grande partie par la tendance de Wall Street à transformer en produits financiers opaques les prêts, en l'occurrence les emprunts hypothécaires subprime (les emprunteurs au profil le plus risqué). En misant sur l'éclatement de la bulle des prix immobiliers, ces Américains ont fait une fortune. Mais s'ils ont vu venir cette crise, pourquoi l'ex-président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, n'en a-t-il pas fait autant?

L'un des protagonistes du livre de Lewis, Michael Burry, a soulevé cette question dans un texte publié dans l'édition dominicale du New York Times. Trois jours plus tard, Greenspan a fourni sa réponse, soutenant que la Fed avait mis en garde en 1999 et 2001 contre les dangers du marché du subprime. Mises en garde que l'administration Bush a refusé d'écouter, a-t-il précisé aujourd'hui. Je cite des extraits de son témoignage devant une commission du Congrès chargée d'enquêter sur la crise financière :

«La progression du marché du subprime s'étale sur des années et commence ensuite à accélérer. Parce que l'impulsion globale de ce gouvernement était de développer la propriété immobilière, en particulier dans les groupes à revenus faibles et moyens. La politique officielle - qui a fixé les critères pour Fannie et Freddie - a été d'augmenter considérablement leur participation dans ces types de prêts.»

«Si vous regardez quelle ampleur prend la participation de Fannie et Freddie pour atteindre les objectifs du ministère du Logement, les chiffres sont extraordinairement élevés. Tellement élevés en fait, qu'ils étaient en train de préempter une grande partie du marché. Et ça, comme nous l'avons appris seulement rétrospectivement en septembre 2008, a été un facteur essentiel pour produire la bulle.»

(Photo Reuters)