Donald Trump a peut-être regretté de ne pas avoir choisi Chris Christie comme colistier en entendant le discours du gouverneur du New Jersey hier soir lors de la deuxième soirée de la convention républicaine de Cleveland.

Reprenant son ancien rôle de procureur fédéral, Christie a prononcé un réquisitoire sévère contre Hillary Clinton, invitant la foule des délégués à dire si elle était «coupable ou non coupable» après chacun des chefs d'accusation énoncés. Avant même la présentation d'un premier chef d'accusation concernant le rôle clé de Clinton dans «le renversement désastreux de Kadhafi en Libye», les délégués se sont mis à scander «Enfermez-la!»

Mike Pence aura la chance ce soir de prouver qu'il a l'étoffe d'un bon candidat à la vice-présidence. Mais Christie a démontré hier soir qu'il était un excellent «chien d'attaque», rôle traditionnel d'un colistier, même si ses chefs d'accusation étaient parfois tirés par les cheveux (Clinton, par exemple, n'a pas «défendu» les atrocités commises par le régime de Bachar Al-Assad pendant la guerre civile).

Le discours de Christie a illustré un fait incontournable à Cleveland : lors des deux premières soirées de la convention républicaine, les orateurs ont moins vanté Trump et ses propositions controversées que dénoncé Clinton et ses crimes présumés. S'il y a un facteur d'unité aujourd'hui au sein du Parti républicain, c'est la candidate démocrate et la conviction apparente de plusieurs de ses adhérents qu'elle devrait se retrouver derrière les barreaux.

«Enfermez-la!» Ce slogan avait également été entendu lundi soir lorsque Pat Smith, mère d'une des victimes de l'attaque de Benghazi, a accusé Clinton d'être personnellement responsable de la mort de son fils. Et il a été repris hier soir lors d'une soirée dont le thème - l'emploi et l'économie - a été ignoré par la plupart des orateurs, qui se sont exprimés devant des gradins étonnement dégarnis.

Vers la fin de la soirée d'hier, l'ancien candidat à l'investiture républicaine, Ben Carson, s'est même surpassé en associant Clinton à Lucifer. Il se trouve que le sociologue Saul Alinsky, sujet de la thèse universitaire de Clinton et bête noire des conservateurs américains, a qualifié Lucifer de «rebelle» dans son livre Rules for Radicals.

«Sommes-nous prêts à élire quelqu'un dont le modèle est un individu qui a salué Lucifer? Pensez-y», a déclaré le neurochirurgien à la retraite dans son style inimitable.

Il est revenu aux enfants de Donald Trump, Tiffany et Donald fils, de vanter les mérites du candidat républicain. Le discours du fils aîné de Trump a été particulièrement bien reçu. «C'est pourquoi nous sommes les seuls enfants de milliardaires à être aussi à l'aise dans un Caterpillar que dans nos propres voitures», a-t-il notamment déclaré en faisant allusion aux contacts des enfants de Trump avec les gars de la construction, dont un certain Vinny, qui ont travaillé pour leur père.