«Nous aurons une assurance pour tous», promettait Donald Trump à la veille de son investiture à la présidence, rejetant l'idée selon laquelle les Américains qui n'auraient pas les moyens de se payer une couverture santé auraient à s'en passer. «Cela ne se produira pas», insistait-il.

Deux mois plus tard, le président américain donne son appui à un projet de loi destiné à remplacer l'Obamacare et dont l'une des conséquences serait de priver au moins 15 millions d'Américains de leur assurance-santé, selon une analyse de la Brookings Institute, un groupe de recherche centriste de Washington.

C'est en partie pour cette raison que toutes les organisations du monde médical s'opposent à ce projet de loi présenté plutôt cette semaine par le président de la Chambre des représentants Paul Ryan. Mais ce plan demeure trop généreux pour bon nombre de groupes, commentateurs et élus conservateurs, qui dénoncent ses crédits d'impôts permettant aux Américains moins fortunés de souscrire à une assurance-santé et réclament l'élimination plus rapide du volet permettant aux Américains plus pauvres de s'assurer par le biais du programme Medicaid.

«Loin d'abroger et de remplacer l'Obamacare, [le projet de loi] se contente d'affiner la Loi sur les soins abordables et ne fait rien pour assécher le marais», a écrit le commentateur conservateur Erick Erickson, baptisant le plan des républicains de la Chambre «Swampcare».

Erickson, comme plusieurs autres conservateurs purs et durs, voit le projet de loi présenté par Ryan comme une grande trahison de la promesse électorale de Trump et des promesses formulées par les républicains depuis la mise en place de l'Obamacare.

Notons que deux commissions de la Chambre ont déjà voté sur le projet de loi sans tenir une seule audition ou assemblée publique. Une telle précipitation contraste avec les mois interminables de débats, négociations et manifestations qui ont précédé l'adoption de la Loi sur les soins abordables en février 2010.

Face au tollé soulevé par le projet de loi sur la santé, Trump s'est dit prêt à négocier. Il serait notamment disposé à mettre fin plus tôt que prévu à l'extension du programme Medicaid, ce qui satisferait des conservateurs de la Chambre, dont le représentant du Kansas Roger Marshall, qui a attiré l'attention en affirmant que les pauvres «ne veulent tout simplement pas de soins de santé».

Je cite la déclaration de ce Marshall qui a pratiqué la médecine avant de se faire élire à la Chambre en novembre dernier :

«Comme Jésus a dit, ''les pauvres seront toujours parmi nous''. Il y a un groupe de gens qui ne veulent tout simplement pas de soins de santé et qui ne prendront pas soin d'eux-mêmes.»

Les riches seront également toujours parmi nous. Et le projet de loi de Ryan prend soin d'eux, éliminant toutes les taxes qui leur ont été imposées pour contribuer à financer l'Obamacare.

N'empêche : dans l'état actuel des choses, si le projet de loi de Paul Ryan survit à la Chambre, ses chances d'être adoptées par le Sénat sont minces.