Milo Yiannopoulos, ancien journaliste de Breitbart News et admirateur de Donald Trump, s'est toujours défendu d'être raciste, xénophobe, islamophobe ou antisémite. Revendiquant une descendance juive, cet homosexuel britannique se présente tout au plus comme un provocateur qui défend ces jours-ci la liberté d'expression sur les campus universitaires américains, où sa présence suscite la controverse et parfois la violence.

Or, Yiannopoulos a des liens serrés avec des figures américaines appartenant au nationalisme blanc et au néonazisme. Des figures auxquelles il a notamment fait appel pour rédiger un essai publié en 2016 sur Breitbart et donnant une définition de l'alt-right, dont le site de Steve Bannon se vantait d'être la plus importante plateforme.

Dans une enquête fondée sur de nombreux documents et courriels, le site BuzzFeed met à jour les liens de Yiannopoulos avec le suprémacisme blanc ainsi que le rôle joué par Bannon, son ancien patron qui n'était pas encore conseiller de Donald Trump, dans sa carrière de trublion sulfureux.

«Mec, nous sommes dans une guerre existentialiste globale où nos ennemis existent sur les réseaux sociaux et tu te masturbes sur des détails! Tu devrais être au centre des débats parce que tu es tout ce qu'ils haïssent! Lâche tes jouets, sors tes outils, et viens aider à sauver la civilisation occidentale», lui a écrit Bannon dans un courriel en lui promettant de le prendre sous son aile.

Dans son essai sur l'art-right (écrit par une autre personne en fait), Yiannopoulos prend soin de se distancer des tenants du nationalisme blanc et du néonazisme. Mais il demande néanmoins dans des courriels à des figures de ce mouvement de lui transmettre leurs suggestions avant de publier le texte de 3 000 mots.

La vidéo qui coiffe ce billet fait partie des documents révélés par BuzzFeed. On y voit et entend Yiannopoulos chanter America the Beautiful dans un bar karaoké pendant que des membres de l'auditoire, dont le nationaliste blanc Richard Spencer, présent à Charlottesville en août dernier, fait le salut nazi.

Dans une déclaration à BuzzFeed, Yiannopoulos nie être raciste ou néonazi:

«J'ai déjà dit par le passé que je trouve drôle de casser les tabous et de rire de choses dont on me dit qu'il est interdit de rire. Mais tous ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas raciste. En tant que descendant d'une famille juive, je condamne bien sûr le racisme dans les termes les plus forts. J'ai cessé de plaisanter sur ces sujets car je ne veux pas de confusion à ce propos. Je désavoue Richard Spencer et toute sa bande d'idiots. Je suis et ai toujours été un supporteur sans faille des juifs et d'Israël. Je désavoue le nationalisme blanc et je désavoue le racisme et l'ai toujours fait.»

BuzzFeed a découvert qu'au moins deux mots de passe de Yiannopoulos liés à des comptes courriel font allusion à deux sombres événements de l'histoire nazie, à savoir la Nuit de cristal et la Nuit des longs couteaux.

Yiannnopoulos s'est marié récemment à un Noir. Selon BuzzFeed, Bannon considère que son protégé a un profil lui permettant de tenir des propos outrageants qu'un hétéro blanc protestant ne pourrait pas se permettre.

Yiannopoulos a démissionné de Breitbart en février dernier après avoir tenu des propos semblant justifier la pédophilie. Il a cependant continué à jouir du soutien financier des Mercer, bailleurs de fonds de Trump, Breitbart News et des autres projets sulfureux de Steve Bannon.