Au moment d'écrire ces lignes, Donald Trump rentre à Washington à bord d'Air Force One, ayant complété son ambitieux voyage de 12 jours et de cinq pays en Asie. Quel bilan peut-on en tirer?

Tous les experts s'accordent pour dire que le président a entrepris cette tournée sur une bonne voire excellente note avec des discours au Japon et en Corée du Sud qui ont rassuré les alliés des États-Unis sur l'engagement de l'administration américaine vis-à-vis de la sécurité de la région.

Tout en appelant notamment ces alliés à faire le plein de matériel militaire américain, le chef de la Maison-Blanche a laissé tomber sa rhétorique belliqueuse et rouvert la porte à la diplomatie avec la Corée du Nord. En raison du mauvais temps, il ne s'est pas rendu dans la zone coréenne démilitarisée, comme il le souhaitait, mais ce raté a peut-être évité des provocations inutiles.

La suite de son voyage a été moins reluisante. En Chine, le président Xi Jinping a exploité la vanité de son visiteur en lui offrant une visite impériale. Il n'en fallait pas plus pour que Trump se mette à encenser de son hôte de façon extravagante, le qualifiant d'«homme très spécial» pour lequel il nourrit un sentiment «incroyablement chaleureux, et à imputer à ses prédécesseurs américains plutôt qu'à la Chine des déficits commerciaux qu'il a déjà comparés à un «viol».

Pas un mot sur la question des droits humains en Chine. Pas un mot sur les prétentions chinoises sur la Mer de Chine méridionale.

Xi ne devait pas en croire ses oreilles. Et qu'a-t-il offert à son visiteur pour cet hommage dithyrambique et cette complaisance qui renforcent son pouvoir autoritaire? Des accords d'investissements non contraignants s'élevant à 250 milliards de dollars et qualifiés de «peu de choses» par le secrétaire d'État américain Rex Tillerson lui-même.

Le président chinois n'a même pas eu à se soumettre à une conférence de presse conjointe, son homologue américain n'ayant pas insisté pour qu'il y en ait une. Le nouveau slogan de Trump : «Rendre sa grandeur à la Chine».

Au Vietnam, où avait lieu le sommet de l'APEC, Trump s'est retrouvé isolé avec son discours protectionniste et son incapacité à faire progresser les ententes bilatérales qui doivent selon lui supplanter des accords multilatéraux comme le Partenariat transpacifique. Le président Xi ne s'est pas gêné pour prendre la relève des États-Unis et détailler les bienfaits de la mondialisation, de l'ouverture des marchés et du commerce équitable.

C'est aussi en se rendant à Hanoï que Trump a délaissé son télé-souffleur et affirmé devant les journalistes qu'il préférait la parole de Vladimir Poutine à celle des anciens dirigeants du renseignement américain concernant l'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine.

Et c'est dans ce même pays que Trump a publié un tweet infantile sur la taille et la grandeur de Kim Jong-un après que ce dernier l'a traité de «vieux fou».

La tournée asiatique a pris fin aux Philippines, où Trump a démontré une fois de plus qu'il entretenait ses meilleures relations à l'étranger avec des potentats. «Ha, ha, ha», a-t-il fait en entendant son hôte, Rodrigo Duterte, traiter les journalistes d'«espions».

Pas moins de 177 journalistes ont été tués aux Philippines depuis 1986. Ha, ha, ha? Trump a tenu à préciser qu'il avait «une excellente relation» avec Duterte, qui a encouragé les exécutions extrajudiciaires de milliers de trafiquants de drogue.

Le bilan du périple asiatique de Trump est mitigé, c'est le moins que l'on puisse dire.