Après avoir vu le film Darkest Hour, l'ancien gouverneur d'Arkansas Mike Huckabee a publié ce gazouillis, comparant avantageusement Donald Trump à Winston Churchill :

«Churchill était haï par son propre parti, le parti d'opposition et la presse. Le roi craignait son imprudence et détestait son franc parler. Mais contrairement à Neville Chamberlain, il n'a pas reculé. Nous avons eu un Chamberlain pendant huit ans; nous avons en @realDonaldTrump un Churchill.»

Le tweet du père de la porte-parole de la Maison-Blanche a suscité une avalanche de commentaires sur Twitter, la plupart d'entre eux négatifs. Pour mémoire, Neville Chamberlain, qui a précédé Churchill comme premier ministre du Royaume-Uni, a tenté d'apaiser Hitler en concédant à l'Allemagne nazie la région des Sudètes en Tchécoslovaquie dans le cadre des Accords de Munich en 1938. Son nom est devenu synonyme de faiblesse face au mal.

Churchill, de son côté, a été un officier dans l'armée britannique lors de la Première Guerre mondiale; il a dirigé le Royaume-Uni lors de la Seconde Guerre en tant que premier ministre; il a géré plusieurs crises mondiales pendant son deuxième mandat comme premier ministre, de 1951 à 1955. Il était réputé pour ses talents d'orateur et d'écrivain. Il a remporté le prix Nobel de la littérature en 1953.

D'où ce commentaire sur Twitter de Kristian Tonning Riise, membre du parlement norvégien que plus de 20 000 personnes ont aimé :

«Bien sûr. Churchill a participé à 15 batailles et reçu 14 décorations de courage. Il était l'un des orateurs les plus doués de l'histoire et a remporté le prix Nobel de la littérature pour ses écrits. Complètement la même chose.»

Tout en admettant que Churchill était plus centré sur lui-même et moins enclin au compromis que la plupart des autres politiciens britanniques, les historiens contactés par le New York Times ont également trouvé à redire de la comparaison de Mike Huckabee. Je cite Susan Pedersen, professeur d'histoire de l'Université Columbia :

«Heureusement pour (Churchill), et pour plusieurs d'entre nous, ses attributs particuliers et les besoins de l'époque ont convergé. Mais c'est arrivé en partie parce que, malgré ses particularités, il avait de vraies forces intellectuelles et politiques. Il était intelligent, cultivé, pétri d'histoire, il avait une longue expérience au sein du gouvernement et il savait ce en quoi il croyait.»

Bien sûr, s'il demeure huit ans à la Maison-Blanche, Donald Trump pourrait finir par donner raison à Mike Huckabee à certains égards. Cependant, après moins d'un an à la présidence, et compte tenu de ce qu'il est et de ce qu'il a démontré jusqu'à maintenant, le chef de la Maison-Blanche ne peut pas (encore) être comparé à Winston Churchill.

D'autant que la plus grande réussite de Churchill - ce qu'il définissait comme sa «tâche suprême» - consista à unir son pays (pour faire face à la tyrannie). Sur ce plan, Trump a échoué lamentablement depuis le début de sa présidence.