Une avocate syrienne, des blogueurs éthiopiens et un intellectuel chinois de la minorité ouïghour, tous défendeurs des droits de l'homme, ont été nominés mercredi pour le prix Martin-Ennals 2016, considéré comme le «Nobel» des droits de la personne.

Le jury, composé de dix ONG, a sélectionné Razan Zaitouneh (Syrie), les neuf blogueurs de Zone 9 (Éthiopie) et Ilham Tohti (Chine), selon un communiqué publié à Genève.

Le lauréat sera annoncé en octobre prochain à Genève.

Ce prix est attribué chaque année par dix organisations, dont Amnistie internationale, Human Rights Watch et la Fédération internationale des droits de l'homme.

Avocate spécialisée dans les droits de la personne, mais aussi militante et journaliste, la Syrienne Razan Zaitouneh a consacré sa vie à la défense des prisonniers politiques, avant d'être enlevée le 9 décembre 2013 par un groupe d'hommes armés et masqués à Douma, une ville près de Damas qui était en état de siège et contrôlée à l'époque par Jaish-Al-Islam, un groupe rebelle syrien.

L'avocate de 39 ans a été enlevée avec son mari et deux collègues et est depuis portée disparue. Leur lieu de détention demeure inconnu.

Ilham Tohti, 47 ans, est un universitaire «modéré» de la minorité ouïghoure en Chine. Arrêté le 15 janvier 2014, il a été condamné à la prison à vie après avoir été reconnu coupable de séparatisme.

Les blogueurs de Zone 9 tirent leur nom de la prison de Kality en Éthiopie, constituée de 8 zones et où sont détenus de nombreux journalistes et prisonniers politiques.

Deux semaines après la création de leur blogue, celui-ci a été bloqué par les autorités éthiopiennes. Deux ans plus tard, six membres du groupe ont été arrêtés et reconnus coupables de terrorisme, mais ont été libérés. Trois sont partis en exil. Quant aux six restés en Éthiopie, ils sont interdits de voyage.

Le prix Martin-Ennals, du nom d'un activiste britannique décédé en 1991, ex-secrétaire général d'Amnistie internationale, a été créé en 1993 pour honorer ceux qui font preuve d'un «courage exceptionnel» pour défendre les droits de l'homme.

La Fondation Martin-Ennals est présidée par Micheline Calmy-Rey, ancienne présidente de la Confédération helvétique.

En 2015, le prix a été décerné à Ahmed Mansoor, militant des droits de l'homme aux Émirats arabes unis.